Bouleversant, inquiétant, déchirant... Ces trois mots suffiraient à eux seuls à résumer The Arms Peddler. Mais quand bien même notre cher Clint Eastwood nous a clamé qu'un revolver vaut mieux que mille discours, est-ce que The Arms Peddler mériterait qu'on s'arrête à une critique si aisée ?

The Arms Peddler nous plonge au cœur de terres arides dévorées par le temps et les ravages d'une catastrophe passée. Comment, quand et pourquoi a-t-elle eu lieu ? Tout le monde l'ignore. En faite, peu s'en préoccupent vraiment. La désolation fait loi, et si le déchirement de la poussière ne suffisait pas, le cœur des Hommes plonge toujours plus bas le long des pentes de l'égoïsme et de la folie.

Brigands, esclavagistes, assassins et déments rôdent sur ces terres hostiles et menacent les malheureux cherchant une once de paix face aux affres du chaos. Et si ce ne sont pas les êtres humains, ce sont des créatures de toutes sortes tapis dans l'ombre qui menacent la raison comme la vie de chacun.

Au milieu de ces horreurs, vêtue d'un long poncho rapiécé et d'un Stetson digne du fin fond du Texas, une femme erre aux commandes d'une carriole tirée par un cheval n'ayant plus rien de commun avec les vivants. Cette femme se nomme Garami. Elle est une marchande d'arme se laissant guider au hasard des passages de sa monture, livrant sa marchandise à qui le nécessite. Armes à feu, armes blanches, explosifs, armes lourdes, vous trouverez absolument de tout auprès d'elle, mais attention, Garami ne travaille jamais gratuitement, loin de là.

Vous pensez donc sans mal qu'il suffit d'une généreuse poignée d'or pour acquérir ce revolver clinquant qui vous hypnotise ? En principe oui, mais bien souvent, le prix de la mort et de la vengeance s'étend au delà de l'or.

The Arms Peddler nous fera le récit subtile du prix et des conséquences de la quête des armes pour mieux nous plonger dans les confins les plus sombres du cœur des Hommes. L’œuvre ne cherche cependant pas à juger de façon cuistre et idiote ces derniers, mais bien au contraire à nous inviter dans une plongée au bout de la nuit afin de voir ce que nous refusons généralement d'observer de nos propres yeux.

Au bout du chemin, peut être y trouvera-t-on effectivement des images difficiles, mais pourtant justes, mais... peut être y trouvera-t-on également un tableau aussi beau que les traits de la plume de Night Owl, qui nous livre ici un des plus sublimes dessins réalisé pour un manga.

Non loin d'égaler les maîtres de l'encre noire tels que Hiroshi Hirata ou encore Takehiko Inoue et Masasumi Kakizaki, Night Owl nous offre un dessin extrêmement fin et détaillé, mêlé à un découpage digne des maîtres du cinéma, aussi bien inspiré de l'impact de Sergio Leone que de la mélancolie de David Lynch, jusqu'aux méandres de la rudesse de David Cronenberg.

Il nous dépeint ici un univers de dark fantasy aussi pictural et déroutant qu'un tableau de Beksinski pour mieux nous reprendre sauvagement son œuvre des mains, tel Arsène Lupin en personne.

En effet, le manga est hélas à l'arrêt depuis plusieurs années maintenant et il y a peu de chance qu'il reprenne un jour du fait que le dessinateur a subi une grave blessure à la main. Cependant, quand bien même nous ne connaissons pas de dénouement total à The Arms Peddler, non seulement cela n'est en rien dérangeant tant l’œuvre est suffisamment complète et satisfaisante en soit dans les sujets et les ambiances qu'elle traite, mais surtout la conclusion du septième et dernier tome sorti à ce jour clôt un arc qui peut tout à fait faire office de fin en soit au manga.

Il y aurait tant de choses à énumérer sur ce qui fait la force de ce grand manga qu'est The Arms Peddler, mais vous avez là l'essentiel. Inutile de trop en dire, à moins de vous gâcher la surprise de cette lecture aussi imprévisible qu'audacieuse.

En somme, si vous êtes en quête d'une histoire mêlant avec brio les genres de la dark fantasy à celui du western, de l'horreur et du thriller, le tout avec des dessins aussi bien maitrisés que sa mise en scène et son écriture, vous en aurez pour votre argent.

Mais attention, comme évoqué plus haut, le prix de l'or n'est pas toujours l'unique prix à payer lorsque l'on met enfin la main sur le fruit de notre convoitise...

Franyr
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le 12 août 2022

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Franyr

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