"Elle était belle. Mais enveloppée d'une ombre sinistre"

C'est par ces mots que Kyoichi Nanatsuki nous décrit Garami, l'héroïne principale de The Arms Peddler. Garami a ainsi hanté son imagination longtemps avant que le manga ne voit le jour. Et on sent bien qu’elle a toute l’affection de son créateur.
Présenté à la base par l’éditeur comme le successeur d’Übel Blatt, The Arms Peddler est manga qui pourtant ne ressemble à aucun autre. Ce qu’on peut noter d’entrée de jeu est que le talent du dessinateur (coréen) Park Jung-Ki (aka Night Owl), allié à la qualité de la narration de Kyôichi Nanatsuki, nous plonge plutôt dans un univers proche de la Tour Sombre ou de Mad Max, une ambiance post apocalyptique dans une lande ravagée peuplées d’hommes et de créatures impitoyables. Le rapport avec Übel Blatt n’est dès lors que la catégorisation Dark Fantasy, ce qui implique que l’univers soit sombre, la violence quotidienne, le fantastique omniprésent.


Dans ce manga, chaque chapitre est nommé Stigmate. Vous ne tarderez pas à comprendre pourquoi. Le narrateur de cette histoire est en effet marqué à vie. Il fait une entrée des plus douloureuses dans l’histoire.
Quand on touche le fond, soit on creuse sa tombe, soit on tape du pied pour remonter. Sôna a choisi de remonter. S'adapter rapidement est nécessaire pour survivre, Sôna devra supporter d'autres horreurs auprès d'une Garami déjà habituée à un quotidien macabre.
Surtout que l'héroïne en question est une marchande d'armes, sa clientèle est donc dangereuse, tout comme ceux qui voient ses ventes d'un mauvais oeil... le danger est partout et la méfiance est de rigueur. Pour Sôna, la leçon numéro 1 sera du genre : "Souviens-toi d’une chose… C’est bien beau d’avoir des principes, mais quand nos actions ne sont pas à la hauteur de nos paroles, on la boucle !"


Avec cette femme aussi implacable que sublime, qui arpente, droite dans ses bottes, cet univers chaotique aux multiples facettes, il va vivre de nombreuses péripéties lors d'un perpétuel voyage rempli de combats. Un voyage au sein d'un monde post-apocalyptique qui est revenu à un état médiéval.
Cette pistolero solitaire et magnifique qu’est Garami a un objectif qui va au-delà de sa profession, objectif que vous découvrez au fur et à mesure et qui engage très fortement son intégrité physique et morale.
Ce qui est particulièrement agréable, dans The Arm Peddler, en plus du trait précis, du sens du détail et des arrières plans soignés de Night Owl, c’est la merveilleuse capacité de l’auteur à faire ressortir son âme de créateur qui a beaucoup lu et aimé de grands moments de la culture occidentale. Non seulement il ne les trahit pas, mais il les articule avec beaucoup d’intelligence dans la construction de son univers.
Vous êtes chaudement invités d’ailleurs à ne jamais manquer de lire ses postfaces, merveilleusement écrites et très éclairantes sur la génèse de son inspiration.


A ce manga peut-on sans doute reprocher quelques facilités scénaristique deçi de là, quelques stéréotypes, c’est vrai, mais c’est le jeu du genre, aussi. Ils ne sont ni légions, ni insupportables.


Les personnages principaux ont tous une caractérisation à la hauteur. Même une princesse un peu peste au départ comme Airi, qui peut refroidir certains lecteurs rien que sur son character design de départ (vous savez ce « oh mon Dieu, mais qu’est-ce qu’elle fait dans ce manga, elle ? ») , a sa marge tout à fait intéressante d’évolution.


Ce mélange de civilisations, cet éclectisme d’ambiance, de décors (de la plaine de l'ouest américain jusqu'à la cité médiévale en, passant par la forêt européenne..) de personnages haut en couleurs et aux costumes variés, ce bestiaire fantastique et quelques références bien senties à la littérature fantasy devraient pouvoir vous satisfaire et vous rendre l’avancée dans une intrigue bien ficelée très très agréable.

_Andrea_
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le 9 mai 2015

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