On est mieux que la Justice League ! Enfin... je crois...
Stormwatch, organisation secrète qui marche en marge du gouvernement, est en pleine phase de recrutement. Oui une autre, l’univers DC en regorge, le marché des organisations secrètes (tout comme celui des équipes de super-héros) est complètement saturé, l’espionnage doit être une activité de pointe dans cet univers, à quand la série James Bond chez DC ? Pardon, je m’égare un peu. Ils vont donc chercher à engager des types un peu en marge mais bien balaises comme Appollo et Midnighter.
Au delà de ça, l’un des membres est envoyé sur la lune (rien que ça), car il s’y passerait des choses pas très naturelles et un peu « alien » pour ainsi dire. Oui, accessoirement, le boulot de Stormwatch, c’est les aliens. Bien que l’un d’entre eux en soit un (le Martian Manhunter, qui a été méchamment rétrogradé depuis les New 52, même si on veut nous faire croire le contraire), leur but est de les traquer et de stopper les menaces qui pourraient en découdre. Non, je vous jure, cela n’a rien à voir avec les Men in Black !
Petite présentation rapide de l’univers qui gravite autour de Stormwatch. Cette série date de 1993 est a vu le jour sous le label Image Comics, mené par Jim Lee à l’époque. Elle a connu un certain succès et a introduit pas mal de nouveaux personnages et héros (avec ou sans super-pouvoirs selon les runs) dans un univers bien à part qui deviendrait plus tard celui de Wildstorm. La série a surtout décollé quand Warren Elis a commencé à la scénariser. Une fois achevée, de ses cendres est née (entre autres) une nouvelle série appelée The Autority (toujours écrite par Warren Ellis) dans laquelle certains des personnages principaux sont des membres repris dans ce nouveau Stormwatch. Notamment les fameux Appollo et Midnighter, homosexuels, et considérés à l’époque Wildstorm comme des équivalents à Superman et Batman (ce qui vous donnera une idée de leurs pouvoirs, oui je me foule pas trop, j’avoue !). Evidemment, aujourd’hui, cette continuité est effacée et l’univers de Stormwatch a intégré le nouvel univers DC (tout comme le reste de l’univers Wildstorm dans le sens large). Nous partons donc d’un nouveau statut quo qui n’a finalement que peu de choses à voir avec les anciennes séries. Pour ma part, à la lecture de ce TPB, j’étais totalement étranger à cet ancien univers. J’ai donc abordé la chose comme une oeuvre tout à fait inédite sans me soucier de ce qui a été. J’ai du, du coup, zapper pas mal de subtilités concernant cette nouvelle série.
Paul Cornell est au scénario. Et si je ne devais retenir qu’une chose de ce premier tome, c’est que j’ai trouvé ça très fouillis. L’auteur sait de quoi il parle, sans doute, mais il faut s’accrocher pour suivre. Ça part un peu dans tous les sens, et le nombre de personnages qui composent ou vont composer l’équipe ne rend pas la tâche facile. Ce n’est certainement pas mauvais, mais je n’ai pas encore réussi à bien rentrer dedans. C’est compliqué et assez mal structuré dans l’ensemble. C’est certainement là que les subtilités me manquent !
Je peux tout de même déceler quelques bonnes idées ça et là. Comme par exemple, y inclure le Martian Manhunter, me semble, à la base, plutôt intéressant. Un personnage que je connais un peu plus vu qu’il provient de l’univers DC. Bien qu’effectivement, c’est aussi un des ex-membre de la Justice League (dans l’ancienne continuité), et il a été profondément affecté par le relaunch. Même si sa période pré-new 52 n’était pas des plus glorieuse: entre une mort expéditive dans Final Crisis et une résurrection torturée dans Brightest Day, on sentait que les scénaristes ne savaient plus trop quoi faire avec ce personnage. Les petits hommes verts, c’est plus trop tendance, ça doit venir de là ! C’est donc finalement, une idée intéressante, la philosophie de ce personnage allant finalement mieux avec ce genre de groupe plutôt discret et moins terre à terre qu’une Justice League de premier plan. J’ai aussi par exemple, bien apprécié le pouvoir de Jack Hawksmoor, « The King of Cities » qui a la capacité de parler avec l’esprit des villes. On peut notamment assister à une personnification de Gotham City ou Metropolis, ce qui renforce un peu plus la profondeur de l’univers DC. Mais ces petits détails ne rendent pas pour autant le tout plus digeste…
Le problème étant l’exécution de l’affaire. Ce premier tome était, de mon point de vue, sensé présenter un peu l’équipe et ses membres, et je trouve cet aspect plutôt mal foutu. Au final, difficile de dire qui fait quoi, pourquoi chaque membre est ici et quel est le véritable intérêt de cette organisation Stormwatch qui a la prétention d’être plus importante que la Justice League, car vieille de plusieurs années et donc plus méthodique. Nous savons bien de toutes façons que les vieux ont un peu trop tendance à se la raconter avec leur soi-disant sagesse, du coup pour moi, c’est pas tellement un argument (pardon aux éventuelles personnes âgés qui me lisent… hem). Surtout qu’à part tourner autour du pot, perdre certains de leurs membres et foirer leurs recrutements, ils n’arrivent pas à concrétiser quoi que ce soit. Pour une équipe qui est sensé nous en imposer, c’est un peu foiré les mecs. « On vous rappelera, y’a la Justice League qui passe après vous pour le casting ». Et pour une présentation de l’équipe, c’est un peu léger, et j’ai pas spécialement été emballé par le paquetage, si je puis dire (hohoho, mes jeux de mots s’améliorent…). Malgré le fort potentiel de cette équipe et de ces personnages, on se sent un peu floué. Ce n’est là qu’un balbutiement de ce que l’on aurait pu espérer. Sans parler de l’intrigue qui part en vrille à tout instant, mélangeant les menaces et les objectifs. Le ton se devait cependant d’être différent des autres Justice League et compagnie, le pari est réussi, mais ce n’est pas pour autant une réussite en soit. Cela se prend trop au sérieux, et je trouve ça finalement un peu trop orgueilleux. Là où la Justice League a l’air un peu trop bourrine de son côté. Difficile de trouver un équilibre dans ces équipes de « super-héros » !
Reste les dessins qui sont agréables à l’oeil. Sepulveda s’en sort très bien et nous offre de belles cases et des visages expressifs. Par contre, je n’approuve vraiment pas le nouveau design du Martian Manhunter, qui finalement, a perdu un peu au change, le pauvre. Mais là, c’est une autre histoire. Mais dans l’ensemble, la qualité des pages sont vraiment dans le haut du panier et il est plaisant de voir l’effort fourni pour une « petite » série qui veut définitivement voir les choses en grand !
On me trouvera certainement un peu dur avec cette série, mais son manque d’accessibilité et sa mise en place plus que maladroite m’ont finalement un peu coupé l’envie de creuser plus avant. J’irais fatalement voir le second tome, tout en espérant que la situation se redresse un peu, mais j’ai un peu mal au crâne rien que d’y penser !
Ceux qui ont connu l’époque Authority, qui était visiblement très bonne, ont sans doute leur propre avis sur le sujet (et je suis très intéressé de l’entendre). J’espère qu’ils s’y retrouvent un peu avec ce titre, même si je ne sais pas pourquoi, j’en doute un peu. Un titre juste moyen pour des ambitions pourtant bien présentes. Dommage.