Je n’avais jamais lu The Goon. Pour être complètement honnête je ne connaissais que de nom et de renommée. Ne sachant même pas vraiment de quoi il était question vraiment question au niveau de l’histoire. Je voyais simplement passé les couvertures lorsque Delcourt annonçait un nouveau tome. Me disant à chaque fois que je me tenterais bien l’aventure. Grâce à une connaissance, c’est chose faite !
La ville est infestée de goules, de loups-garous et de monstres en tout genre, sans compter l’arrivée d’un prêtre déjanté à la tête d’une armée de zombies, bien décidé à conquérir le monde. Accompagné de Franky, son meilleur ami depuis sa plus « tendre » enfance, le Goon est bien le seul capable de rétablir un semblant d’ordre dans cet univers pris de folie. Car même ceux qui sont déjà morts craignent le Goon. Et il y a de quoi !
Mélange savamment dosé d’horreur et d’humour, servi par les magnifiques dessins d’Eric Powell, les aventures du Goon vous entraînent sur les traces de ce demi-frère d’Hellboy, improbable rejeton oublié de la famille Addams. Ce cocktail étonnant et détonnant a permis à la série de remporter plusieurs Eisner Awards. Le premier volume de cette intégrale reprend les tout premiers épisodes de la série dans leur présentation d’origine.
(Contient les épisodes Eric Powell’s The Goon Bunch of Old Crap – An Omnibus volume 1)
Je vais commencer par les dessins. Je ne connaissait pas du tout Eric Powell, et il faut bien reconnaître que son style nous frappe d’entrée. Je découvre un style très cartoony, très sympa à regarder pages après pages. Eric Powell nous propose des personnages bien travaillés, bien imaginés, bien mis en scène. Chacun ayant son propre style, son propre look bien à lui. Ce côté travaillé dénote avec l’approche plus simpliste des décors, de l’architecture ou encore des véhicules.
Mais bon, j’ai envie de dire, dans The Goon, l’essentiel ce sont les personnages, et toutes les étranges créatures qui entourent le Goon. Et là, c’est une incroyable claque. Les personnages ont vraiment des tronches à la Charles Bronson ! On est d’entrée plongé dans cette incroyable atmosphère que nous propose Eric Powell. On a l’impression d’une plongée dans le passé, de vieilles voitures, de vieux flingues, les vêtements, l’ambiance générale.
J’ai vraiment découvert un artiste incroyable. Un style marqué, particulier, cartonny et qui fonctionne à merveille avec l’action proposée, ces personnages, cet univers tout simplement.
On comprend rapidement, en plongeant dans cette première intégrale de The Goon, que l’on se retrouve dans un univers de science-fiction, de fantastique. Un univers proche de celui de Frankenstein ou d’autres univers sombres du genre. Des héros loin des stéréotypes de « tout beau et tout gentil ». Là nous avons des armoires à glaces, des sales tronches, des monstres tout droit sorties des films d’épouvante de notre enfance, des mafieux qui n’ont pas de scrupules, seul le résultat compte.
Le Goon, c’est en même temps son nom et son « poste ». Un personnage bien particulier, à l’allure particulière. Un personnage qui se démarque de tout ce qu’on a pu voir ailleurs. Pour tout dire, en regardant la couverture, je pensais que le Goon était Franky et que Franky était le Goon. Tant le look, la tête, la carrure du Goon fait penser à une armoire à glace sans cervelle lambda.
En y réfléchissant c’est logique ! The Goon, c’est le porte-flingue, le gros bras du crime qui tabasse pour le patron. Celui qui fait les tâches ingrates pour que le patron se fasse un nom. Et c’est clairement ce que fait le Goon. Dans une petite ville portuaire, des années trente, américaine, le Goon fait la loi, la pluie et le beau temps pour le clan Labrazio ! Toujours accompagné de son meilleur copain, le frêle Franky ! Toujours orné de son chapeau à la Eliot Ness ou Dick Tracy, ses yeux livide, bête comme ses pieds et avec un penchant poussé pour la violence. Le genre de petite fouine qui aime profité du fait d’être le bras droit du bras droit du boss, ce qui lui permet de péter plus haut que son derrière.
Malgré les apparences, The Goon ce n’est pas une série mafieuse, même si au premier abord on pourrait y croire, et que l’on y retrouve beaucoup de codes. Oui, nous sommes en pleine guerre de territoires, mais la ville est surtout central d’une invasion de zombies menés par le Prêtre ! Une sorte de sorcier qui ne souhaite qu’une chose, prendre la ville des mains de Labrazio. Pour se faire il doit se débarrasser du Goon, et donc découvrir son secret !
La ville abrite également un savant fou à l’égo proche de l’explosion, fabricant des robots géants. Le port est aux mains d’énormes poissons humanoïdes. Des vampires, des loups-garous. On se croirait dans un catalogue de monstres de films d’épouvante.
Le récit d’Eric Powell alterne entre cette opposition entre le Goon et le Prêtre et des intrigues plus anecdotiques mais surtout plus potaches, plus sales et plus loufoques. On navigue entre l’intrigue principale et cette lutte pour la ville, des histoires plus intimistes sur le secret du Goon, des intrigues plus courtes et délivrées de tout fil rouge,ne servant qu’à faire rire et laisser libre court aux folles idées d’Eric Powell, des combats contres des monstres divers et variés, de fausses publicités.
Une lecture sans prise de tête. On s’amuse, on rigole, on est surpris de temps en temps. Une vraie pause. On se retrouve quand même avec un otarie qui prédit l’avenir !!
Bref, The Goon est une excellente lecture. Personnellement, une formidable découverte. Un surprenant mélange des genres, un mafieux loin d’être bête qui tabasse du zombie et du monstre en tout genre. C’est drôle, c’est sale, c’est violent, c’est bien dessiné, c’est excellent !