Du lourd!

Damn. Cette BD m'a pris aux tripes comme peu l'on fait auparavant. Si je devais citer un sentiment qui me vient à l'esprit quand je pense à ce bouquin, ce serait un mélange de tristesse et de révolte.

La tristesse car cette oeuvre transpire l'injustice et l'inégalité par tous les trous. On a le soldat qui rentre de la guerre après avoir servi son pays, il ne demande qu'à avoir son chez soi et ça semble mission impossible. On a le petit gars un peu coincé, insouciant, pas vraiment adapté à l'environnement urbain et surtout à la violence qui va avec et qui n'a pas du tout l'air de calculer les conséquences de ses actes. (Je ne fais que gratter la surface pour ne pas spoiler).
Le plus triste dans tout ça, c'est l'agressivité constante et crue qui en devient limite banale (même si la BD ne se veut pas réaliste pour tous ses développements je pense, ça marque quand même) et cela rejoint le deuxième point, la révolte.

La révolte elle est présente partout. Des gangs de rues qui se rebellent contre l'autorité à l'adolescent qui veut juste que son papa lui lâche un peu plus les baskets. D'un coté elle nous dévoile son coté brutal, sanglant, sans tabou et de l'autre elle est juste normale et passagère. Ce contraste fait toute la beauté de cette oeuvre. Je ne sais pas combien de fois en lisant je me suis demandé si c'était vraiment la même histoire! On passe d'une extrême à l'autre constamment et c'en devient de plus en plus croustillant au fur et à mesure.

Finalement, cette bédé c'est comme un reflet de la vie et je dirais même plus, un reflet de la vie américaine des quartiers difficiles poussé à l'extrême. Je ne sais pas si Ducoudray voulait particulièrement dénoncer ce système ou juste s'éclater avec en poussant le concept à fond mais en tout cas, la recette fait son effet et ce livre ne laisse pas indifférent tant sur son fond mais aussi sur sa forme car le dessin et la mise en page son originaux. D'ailleurs si je devais mettre en avant un petit point négatif, ce serait le dessin.
Ce n'est pas que j'ai complètement détesté le coup de crayon de Singelin et que ça m'a bloqué pour lire la suite sinon je n'écrirais pas cette critique, mais je n'ai pas totalement accroché. Par contre, je préfère largement le dessin dans son dernier album "PTSD" et ça me réconforte pour le futur. Affaire à suivre donc.

Que du bonheur donc, je vous conseille vivement cette BD et surtout l'intégrale parce qu'un si beau bébé de 440 pages ça claque dans votre bibliothèque et puis ça fait toujours des économies par rapport aux 4 albums séparément. Petit mot de la fin, merci le label 619 de nous fournir des œuvres originales et de faire vivre le coté indépendant francophone de la bande dessinée.