The Punisher : Bienvenue Frank, tome 1 par arnonaud

Ça y est, il était temps après plus de 6 ans à lire activement des comics, d'enfin lire le Punisher de Garth Ennis, et d'enfin essayer de connaître un peu mieux les aventures de cet anti-héros de manière plus générale.


Donc ce tome contient la première moitié de la maxi-série lancée en 2000, qui était la 2e tentative de lancer le Punisher sous le label Marvel Knights. En effet, ils avaient essayé quelques années plus tôt de lancer une version où il était au service des anges (!) qui n'a pas trop marché, et là ils retentent le coup mais cette fois en retournant aux bases du personnage. D'ailleurs Garth Ennis expédie très vite cette histoire d'anges en quelques phrases rapides dans le monologue intérieur du personnage de l'épisode un et n'en reparle plus jamais après.


C'est une série assez déconcertante parce qu'elle part sur un pitch de base ultra basique : le Punisher décide de démanteler toute une mafia new-yorkaise qui serait notamment impliquée dans du trafic de drogue et il en tue tous les membres un par un jusqu'à remonter à la tête pensante de l'organisation 'Ma Gnucci. Et comme le Punisher le dit lui-même, il n'a pas de gimmicks, c'est juste lui et ses flingues, sans son assistant passé Microchip ou son Battlevan. Du coup, forcément, avec un tel point de départ, c'est hyper facile d'accès pour découvrir le personnage.


L'autre point qui étonne avec cette série, surtout quand on voit les couvertures, c'est qu'elle n'est pas vraiment sérieuse. Elle est bourrée d'humour noir, et n'hésite pas à se moquer des méthodes un brin psychopathe du Punisher en lui faisant faire des exécutions assez créatives par moment. Et il y a aussi tout un jeu sur la galerie de personnages secondaires plus ridicules et minables les uns que les autres, que ce soit les mafieux, les voisins lambdas de l'appartement du Punisher ou encore le flic chargé d'arrêter Frank Castle. Globalement les blagues sont assez inégales. Il y a des choses assez drôles et malignes, et d'autres gags beaucoup moins fins et un peu datés aujourd'hui, comme ces moqueries très basiques et grotesques sur le voisin obèse du Punisher.


J'ai bien aimé la multiplication des points de vue, le fait de suivre à la fois la quête du Punisher, la réaction des criminels qui doivent l'arrêter tout en ayant peur de lui et aussi les flics qui sont un peu embarrassés par tout ça, devant arrêter le Punisher car c'est un meurtrier, alors qu'en même temps il leur facilite souvent la tâche. Il y a aussi un début d'étude des différents profils de vigilantes qui se développe tout au long du tome qui est plutôt intéressant, on a d'un côté le Punisher, où l'on commence à nous dire que son amour du meurtre de masse viendrait de la guerre du Vietnam, mais l'on voit aussi Daredevil, qui se refuse lui de tuer parce qu'il croit au système judiciaire, puis d'autres personnages qui embrassent les méthodes radicales du Punisher mais pour les appliquer dans des milieux différents, avec une vision des choses et une morale différente. C'est intéressant et ça donne un peu plus d'épaisseur au récit global.


Côté dessin, le style de Steve Dillon est très basique mais efficace. Au moins c'est toujours hyper lisible, et on sent qu'il est très à l'aise avec l'humour noir du titre, ce qui permet de vendre plutôt bien les vannes graphiquement parlant. Et en même temps, il a trait assez réaliste, avec beaucoup de cadrages à hauteur d'homme et assez peu de grandiloquence, qui donnent le côté terre-à-terre nécessaire à l'histoire. Quant au Punisher en lui-même, il le dessine parfaitement, avec la mine sévère adéquate et un physique et une attitude intimidante, tout en restant un simple être humain. Pour ce qui est de la colo, on se paye du classique du début des années 2000, c'est pas fanfaron et c'est très numérique, mais ça ne gêne pas la lecture non plus.


Donc pour l'instant on est parti sur un récit basique, facile d'accès, un poil bas-du-front et rigolard sur le Punisher, mais c'est intéressant de voir ce que Garth Ennis essaye de poser en sous-texte, la réflexion qu'il commence sur notre rapport à la justice et à la morale et sur les moments où certains peuvent être prêt à fermer les yeux sur un meurtre pour peu qu'ils le trouvent juste. A voir comment ça se terminera dans la 2e partie, mais y a de bonnes bases.

arnonaud
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le 18 févr. 2019

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arnonaud

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