New York, Greenwich Village, juin 1958. Le photographe Walter Benedict vient en aide à un vendeur à la sauvette agressé en pleine rue. Pour le remercier le vieil homme lui offre une pierre ayant le pouvoir d’aider celui qui la possède à réussir sa vie. Walter découvre rapidement que ce talisman est une sorte de machine à remonter le temps et qu’il lui suffit de penser à un moment de son existence pour le revivre et le modifier à sa guise. Usant (et abusant) du procédé, il collectionne les succès, jusqu’au moment où il rencontre l’amour…
Un plaisir de retrouver Cyril Bonin et son univers si particulier aux frontières du fantastique. Il s’interroge ici sur ce que peut être une vie parfaite, sachant que la recherche de perfection engendre forcément une forme d’insatisfaction permanente. Et même s’il ne cesse de rembobiner le fil de son destin pour mieux le modifier, Walter comprend que l’entreprise est vaine. Car si, comme il le dit, « écrire sa vie demande parfois de nombreux brouillons », jouer avec le temps peut s’avérer dangereux. Sans compter que les erreurs d’aiguillages et les faux pas nous construisent aussi et qu’il convient de faire des choix définitifs pour avancer.
J’ai aimé cette interprétation « intime » du voyage dans le temps, loin des enjeux majeurs que l’on trouve d’habitude dans les scénarios traitant ce sujet. Walter ne va pas changer le monde et son Histoire, il ne va pas sauver l’univers, il va juste « revenir » sur ses propres traces et modeler son avenir comme il le souhaite. Par contre, les concepts mathématiques exposés pour expliquer les pouvoirs du talisman, notamment la théorie des ensembles infinis, me sont passés totalement au-dessus de la tête, ce qui au final n’est pas bien grave.
Un album qui questionne, qui interpelle, qui nous pousse à nous interroger sur la façon dont nous aurions réagi à la place de Walter. Parce que nous avons tous au moins un moment précis et délicat de notre existence sur lequel nous aimerions revenir afin de le vivre différemment. Et si cette possibilité nous était offerte, comment rejouerions-nous la partition ? Personnellement, j’ai quelques idées et quelques dates en tête…