Quand la science-fiction prend l’eau

The Wake de Scott Snyder et Sean Murphy, c’est un peu comme un grand plongeon dans l’inconnu : excitant au départ, mais avec quelques remous qui te laissent un goût d’eau salée dans la bouche. Entre thriller aquatique et épopée de science-fiction, le récit aspire à te faire chavirer, mais finit par te faire nager en eaux troubles.

L’histoire commence sous l’océan, avec une équipe de scientifiques convoqués pour enquêter sur une mystérieuse créature des abysses. Snyder plante un décor à la Abyss, rempli de tension et d’intrigues, avec une ambiance claustrophobique qui te colle une bonne dose de frissons. Mais là où le premier acte s’en sort avec brio, mêlant mystère et horreur aquatique, la suite s’égare dans un virage à 90 degrés vers la science-fiction post-apocalyptique. Et là, c’est le mal de mer narratif.

Le scénario de Snyder déborde d’idées, peut-être un peu trop. L’ambition est admirable, mais le récit semble vouloir tout raconter en même temps : les origines de l’humanité, les dangers écologiques, et une bonne dose de mythologie marine. Le résultat ? Une intrigue parfois trop dense pour son propre bien, où certaines révélations tombent à plat, noyées dans la complexité.

Graphiquement, Sean Murphy est dans son élément (aquatique). Ses dessins nerveux, détaillés et dynamiques, insufflent une vraie vie à cet univers. Les créatures marines sont terrifiantes, les décors post-apocalyptiques impressionnants, et chaque planche déborde d’énergie. Mais même ce trait puissant ne parvient pas toujours à compenser une narration qui part un peu dans tous les sens.

Le vrai problème de The Wake, c’est qu’il semble hésiter entre deux tons. La première partie, angoissante et immersive, capte immédiatement l’attention, mais la seconde, avec son changement brutal d’échelle et de genre, divise. Ce n’est pas que la science-fiction ne fonctionne pas, mais la transition est si abrupte qu’on se demande si on n’a pas changé de série en cours de route.

En résumé : The Wake est une œuvre ambitieuse et visuellement impressionnante, qui brille dans ses moments de tension aquatique mais se dilue dans une seconde partie trop chargée. Snyder et Murphy nous offrent une plongée intrigante, mais qui finit par perdre de sa profondeur. Une lecture à tenter, si tu es prêt à naviguer entre émerveillement et frustration.