Je souscris globalement à la critique de l'album réalisée par lepsychopathe. Aussi serai-je assez bref.
On peut noter des progrès, par rapport aux deux albums précédents, c'est indéniable, mais Hergé avait encore du chemin à parcourir : comme en URSS et au Congo, Tintin a le cul bordé de nouilles et s'en sort souvent de façon invraisemblable, comme lorsqu'il scie la portière d'un taxi dans lequel il est enfermé (il a quand même une scie dans ses bagages, on n'est jamais trop prudent), comme lorsque le train s'arrête providentiellement, alors qu'il est ficelé sur la voie, etc.
Surtout, même si Tintin semble avoir muri un peu, il reste particulièrement crédule et naïf, pour ne pas dire niais, par exemple lorsqu'il se laisse ligoter à un poteau par les Indiens, n'affirmant autre chose que : « quelles curieuses coutumes, vraiment » ! Ou quand il croit un faux inspecteur pourtant peu crédible.
Le voilà aussi en Amérique pour lutter contre les bandits, rien que ça et il finira même par éradiquer les gangsters à Chicago !
En dépit de toutes ces invraisemblances et du fait qu'Hergé n'a pas encore bien fixé la personnalité de son héros, on a là album intéressant sur le plan de la vision de l'Amérique proposée par Hergé, qui est beaucoup moins caricaturale que les présentations précédentes de l'URSS et de l'Afrique noire. On est là dans le pays de l'automobile, à l'époque de la guerre des gangs, avec une société américaine raciste, où on lynche rapidement de présumés coupables sans la moindre justice ; une société fortement corrompue même si Hergé ne montre pas assez les collusions avec la police (on voit surtout des gangsters déguisés en policiers), où le sheriff boit alors qu'il est censé appliquer la prohibition, où les Américains essaient d'arnaquer les Indiens et leur prennent leurs terres contre leur gré, grâce à l'armée, afin d'exploiter le pétrole...
Au final, voilà une BD tout à fait convenable pour des enfants : il y a de l'aventure et beaucoup moins de clichés que dans les premiers albums. Hergé est encore loin d'avoir exploité la plénitude de son potentiel, mais il est alors sur la bonne voie !