Tintin et l'Alph-art
5.8
Tintin et l'Alph-art

BD franco-belge de Georges Remi (Hergé) (1986)

Tintin aurait-il tiré un coup en fin d'album?

Quand je pense que j'ai acheté cet album dans un magasin de jouets pour enfant; je me demande combien de gens ont acheté ce dernier album de Tintin pour leur gosse; et surtout combien ont été déçus en ouvrant le livre, s'attendant à une super aventure après avoir dévoré Tintin et les Picaros. Toujours est-il que cet album, sorti sous cette forme inachevée, sied parfaitement à son sujet. Ce n'était pas voulu mais cette histoire sur l'art contemporain ne pouvait pas trouver une meilleure forme, de par son concept. Outre cette belle surprise, l'intérêt réside dans la construction, la façon dont Hergé créé des aventures. Néanmoins je trouve que les éditeurs ont été assez radin en terme de documents. Il me paraît évident qu'il devait y avoir bien plus de dessins, de carnets de note que ce qui a été rassemblés et qui auraient pu être trouvés. C'est bien dommage. Je suis donc un peu déçu de ce côté là, je m'attendais à ce que le livre soit plus pertinent, qu'il y aurait plus de choses à se mettre sous la dent. Soit.

Je sais que l'album n'est pas achevé et qu'il y aurait certainement eu quelques modifications, mais je ne peux me résoudre à ne pas critiquer ce qu'aurait été l'album fini. Déjà je ne pense pas que l'histoire aurait fortement changé vu le nombre de pages déjà découpées et l'intrigue suffisament bien exposée. A noter que les pistes envisagées à l'origine me semblent bien plus amusantes ou audacieuses que celle choisie, qui , elle, ne fait que reprendre les ingrédients typiques d'un Tintin. C'est donc avec horreur que je retrouve tout ce que je déteste chez Tintin et qui a fait son succès: Haddock l'incrédule boulet, Tournesol le sourd qui fait rire malgré lui, les Dupondt qui ne servent à rien sinon amuser la gallerie, la Castaphiore qui cotoie les méchants sans s'en apercevoir, le gag de la boucherie Sanzot, des apparitions éclair d'un maximum de personnages (Lampion, Zaccharine, ... ), des Dei ex machinae à la pelle, et surtout Tintin qui flaire toujours le bon coup. Il y a tout de même une nouveauté non négligeable: la présence de personnages féminins et certains dialogues annonçant enfin la sexualité de Tintin. Il est d'ailleurs dommage que Hergé n'en joue pas plus.

Bref, la meilleure forme que cette histoire puisse trouver est l'actuelle; l'album fini n'aurait eu aucun intérêt à mes yeux tant les défauts habituels de la série sont nombreux ici. Il y a pourtant des pistes très intéressantes à peine explorées ou juste envisagées qui auraient pu remonter le niveau de l'album; je pense notamment à la présence des femmes, à la dérision du monde de l'art, à la transformation improbable de Haddock et Tintin qui auraient cultivé du Haschich dans leur cave, à des enquêtes à Amsterdam (ces deux derniers éléments n'auront pas été retenus, hélas). un album donc pour les fans, les curieux, les apprentis.
Fatpooper
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le 11 avr. 2012

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