Commençons par une alerte : la jaquette de Tokyo, ces jours-ci « spoile » à mort le contenu du tome ! Un moineau de Java et la ville de Tokyo sont en effet au programme des 8 chapitres dont le titre de chacun trouverait facilement sa place dans un journal intime. Celui de Shiozawa qui fait sa crise de la cinquantaine en plaquant son boulot d’éditeur de mangas, après 30 ans de bons et loyaux services pour… faire quoi au juste ? C’est ce que les pages de Tokyo, ces jours-ci nous proposent de découvrir.
Ici point d’éléphants volants ou de présence extraordinaire dans les planches, au détour d’une case. Le récit se veut plus ancré dans le réalisme à quelques détails près : le personnage principal échange avec son moineau de Java voire avec des disparus. Aucun souci de santé mentale à signaler mais sans doute une nouvelle manière de penser le yin et le yang. Le tout sans enfants dans les parages. Et avec des mangakas old school, qui ne sont pas encore passés au numérique. Comme si le passé s'invitait dans le présent.
On remarque aussi que chaque chapitre s’organise peu ou prou de la même façon, se conclut toujours sur une planche représentant une partie de Tokyo. Mais comme pour les Nymphéas de Monet, chaque chapitre propose ses déviations, progressions (Shiozawa ne va pas rencontrer les mêmes personnes aux mêmes endroits, le récit se décentre parfois de lui…), comme pour montrer que derrière un quotidien bien réglé se cache toujours une place pour des variations.
Et puis un frisson nous parcourt : trois tomes seulement pour boucler la série. Cela explique sans doute le rythme assez élevé de ce premier tome et le fait que l’on ne sait pas trop combien de temps passe entre chaque chapitre (a priori quelques jours). Cette concentration du temps fait écho à la concentration de l’espace. Pour un peu on serait presque en présence d’une unité de temps, de lieu, d’action… Tokyo, ces jours-ci une future pièce de théâtre ?
Là où un certain manga évoque le « dessine et tais-toi » dans son titre, on pourrait adapter cet impératif en « édite et tais-toi » pour Shiozawa.
La vraie note : tantô no tsundoku /20