Tokyo Revengers est un manga écrit et dessiné par Ken Wakui. C'est un Shônen publié hebdomadairement dans le Weekly Shônen Magazine (Ippo, Edens Zero, Bakemonogatari, Fire Force, ...) depuis 2017. 22 tomes sont sortis à ce jour pour un peu plus de 200 chapitres.
L'histoire commence lorsque Takemichi, un freeter de 26 ans, apprend à la télévision que son ancienne petite amie, Tachibana, a été tué par le Tokyo Manji Gang. Mais le lendemain, celui-ci meurt lorsque quelqu'un le pousse sur une ligne de métro. Défiant toute probabilité, il revient 12 ans en arrière lors de sa jeunesse au collège, et va tout faire pour essayer de sauver Tachibana.
Je lis rarement des Furyo (type de manga avec des racailles, comme GTO ou Akira). Ce n'est pas vraiment un genre dont je raffole.
Tokyo Revengers, j'ai découvert grâce à sa popularité grandissante et à son adaptation animé en train de paraître. Il faut dire que le manga à quand même fait pas mal de bruit.
Et pour vous dire, ça m'a plu. Le début commence avec son lot de nostalgie. Takemichi retrouve ses anciens amis du collège, retrouve sa bien-aimée, profite et s'amuse. Le procédé de pouvoir remonter le temps, bon, ce n'est pas bien nouveau mais dans ce manga, il reste différent d'un quartier lointain ou d'un erased puisque le personnage principal a la possibilité de retourner dans le présent quand il le veut.
Parallèlement, Takemichi monte un plan pour essayer de sauver Tachibana. Ça commence par essayer d'intégrer le Tokyo Manji Gang, puis on part à la recherche d'informations ; rapidement, le passé de certains personnages (le passé du passé du coup) refait surface et les machinations se voient de plus en plus complexes. On retrouve pas mal de révélations au fur et à mesure qu'on avance dans l'intrigue qui se complexifie petit à petit.
Une des particularité de ce manga, lié au pouvoir de remonter dans le temps, c'est que le héros échoue. Il ne réussit pas toujours à sauver Tachibana en retournant dans son présent, et est donc contraint de retourner dans le passé. L'idée est bien pensée, et donne lieu à plusieurs choses intéressantes :
- après chaque traversée, lorsque Takemichi revient dans son époque,
celle-ci change. C'est intéressant car déjà, ça rend le résultat
imprévisible, mais en plus on découvre le présent en même temps que
le personnage principal comme il a fait un bond de 12 ans.
- son pouvoir n'est pas omnipotent et Takemichi ne peut que retourner
12 ans pile dans le passé. Donc il y a quand même des limites à son
pouvoir, car finalement une gaffe dans le passé est irréversible. Son
pouvoir possède quand même un gros défaut, car au moindre faux pas,
il peut tomber dans un mauvais présent et ne plus pouvoir retourner
dans le passé.
- il peut récupérer des informations sur les personnages comme il vient
du futur. Bon plus on avance plus ce fait perd en crédibilité comme
certaines choses qu'on ne sait pas au début mais qu'on apprend au fur
et à mesure de l'œuvre doivent forcément être connues dans le présent
(surtout lors de l'arc Tenjiku), mais ça permet d'anticiper certaines
actions et donc de garder un coup d'avance sur ses adversaires tout
en préparant un plan pour éviter tel ou tel événement de de produire.
Malheureusement, avec un peu de recul, le manga perd petit à petit son charme. En relisant quelques chapitres, on se rend compte que Takemichi n'est finalement qu'un pleurnichard ; le nombre de fois qu'il aura versé des larmes ne se compte plus. C'est une personne émotive qui semble très sensible, dont l'acharnement ne colle pas avec sa personnalité. Il n'est pas bagarreur non plus, mais arrive grâce à la "force de la volonté" à tenir tête aux plus grands des méchants - on se demande d'ailleurs comment il fait pour toujours s'en tirer sans jamais rien de cassé, et avec seulement deux trois pansements après s'être pris des rafales de droites loin d'être bien gentilles.
En gros Takemichi = se bat pour sauver Tachibana -> larmes + volonté de combattre -> devient incassable et immortel. Désolé, mais pour moi c'est une grosse facilité scénaristique que de toujours rester debout grâce à sa volonté. Le procédé peut fonctionner dans des conditions spécifiques et compréhensibles, et ne doit pas rester infaillible. Mais là, c'est redondant.
Et après réflexion, la façon dont Takemichi rencontre Mickey, ainsi que la réaction de celui-ci après l'avoir vu à peine deux secondes n'est pas très crédible. On ne rencontre pas quelqu'un au hasard dans la rue et on l'invite chez soi, non, on est pas dans le meilleur des mondes, on est sur terre et accorder sa confiance à une personne qu'on vient de rencontrer dont on ne sait absolument rien n'est pas très réaliste.
Puis on vient finalement à douter des intentions mêmes du personnage principal. Pourquoi essayer de sauver une fille avec qui il sortait au collège et qu'il n'a jamais revu depuis ? Parce qu'il a raté sa vie et veut au moins sauver sa conscience ? S'il peut remonter dans le temps, il peut s'assurer d'avoir un bon futur et une belle vie. Il ne faut pas oublier qu'on parle d'un gars de 24 ans qui aime une collégienne.
Au passage, il y a une croix gammée inversée dans le titre original du manga car il signifie Manji en japonais (le nom du gang donc).
Le dernier arc est clairement de trop. Déjà que l'arc Tenjiku commençait un peu à forcer et a rajouter une couche qui ne semblait servir qu'à continuer la parution du manga, il a tout de même réussi à s'en sortir grâce au développement des personnages et l'évolution de l'intrigue assez surprenante.
Par contre, le dernier arc en cours, c'est non. L'œuvre devait, et se devait de se finir à la fin de l'arc Tenjiku. Rajouter une couche par-dessus une couche qui est déjà de trop, ce n'est plus forcer ; c'est torturer.
Ça commence avec pas moins de 15 chapitres de happy end purs et durs. Puis, doucement, petit à petit, l'intrigue essaye de se relancer mais finalement, le manga jusque là plongé dans une fin potentielle se retrouve coincée entre fin et nœud dramatique. Du coup on navigue dans un impasse, on ne sait pas si c'est la fin ou non, et au final cette tentative de relancer l'histoire échoue en entrainant le manga vers les abysses du Shônen lambda. Parce que lorsque ça commence avec du pathos, on ne sait pas où ça finit...
Bon, Tokyo Revengers, franchement, ça avait du potentiel. Un potentiel au départ bien exploité mais qui se dégrade au fur et à mesure de l'intrigue. Ce n'est pas la première fois qu'un manga commence bien et finit mal - la liste est très très longue - mais bon, au bout d'un moment, on s'y habitue...