Toscane : Première Partie - In vino veritas, tome 1 par Eric17
Eric Corbeyran est un auteur bordelais. En faisant naître Châteaux Bordeaux, il s’était offert une première immersion dans l’industrie phare de sa région : la viticulture. Cette saga familiale est bien construite et je me plonge avec plaisir dans chaque nouvel épisode. Le célèbre scénariste semble avoir pris goût à ce nouvel univers puisque est apparu le sept septembre dernier dans les rayons le premier tome de In Vino Veritas. Comme son titre l’indique, il s’agit d’une nouvelle aventure au milieu des vignobles. Le sous-titre, Toscane, nous fait comprendre que notre voyage nous mènera en Italie. Pour ce nouveau projet, édité chez Glénat, il s’associe au dessinateur Luca Malisan que je découvre à cette occasion. La couverture nous présente une ravissante jeune femme errant au milieu des vignes. Elle m’a évidemment rappelé l’Alexandra de Châteaux Bordeaux. Il ne me restait plus qu’à espérer que son histoire m’intéresse autant que celle de son acolyte girondine.
La quatrième de couverture offre la mise en bouche suivante : « Lionello et Tessa Tomasini sont frère et sœur. Ils sont aussi tous deux vignerons, mais leurs méthodes et leurs philosophies sont aux antipodes. Pure et dure, Tessa produit un vin bio d’excellente facture. Quant à Lionello, c’est une star du vignoble de Toscane. Il possède un outil de production formidable, à la pointe de la technologie, et ne recule devant aucun investissement pour accroître sa fortune et sa renommée. Le frère et la sœur sont à ce point allergiques l’un à l’autre qu’ils ne se parlent plus depuis des années. Mais Ortensia, la malicieuse grand-mère qui les a élevées, leur a réservé dans son testament un défi qui va les obliger à faire équipe… »
Châteaux Bordeaux offre une description précise et dense du monde viticole. Le travail de recherche et de documentation était bien exploité et s’intégrait habilement dans la trame. J’en espérais tout autant de In Vino Veritas. Hélas, mes attentes dans le domaine sont restées lettre morte. La vie dans les vignobles est secondaire et sans grand intérêt. La sœur fait un vin de terroir de grande qualité. De son côté, son frère pense production plutôt goût. L’opposition professionnelle et idéologique est trop caricaturale pour être intéressante. C’est assez dommage. Corbeyran a pour habitude d’offrir une intrigue aux enjeux plus denses. Il s’agit ici d’un petit cru.
Le vin pouvait donc uniquement servir de support à une histoire de personnes. Une relation complexe entre un frère et une sœur peut donner lieu à une trame prenante et intense. Mais là aussi la déception est au rendez-vous. Les clichés sont de sortie et l’évolution est proche du néant. Beaucoup de planches s’apparentent à du remplissage visant à nous montrer de manière insistante que les deux personnages principaux souffrent d’une mésentente forte et a priori inéluctable. Cette description manque cruellement de subtilité et de finesse. Il en découle un intérêt qui diminue au fur et à mesure que les pages défilent.
Vous l’aurez compris, je n’ai pas été séduit par l’histoire. A aucun moment, je ne suis arrivé à m’y immerger. Le travail graphique de Luca Malisan ne m’a pas suffisamment conquis pour masquer les faiblesses scénaristiques. Je trouve le dessin sans réelle personnalité. Il n’est pas bâclé mais a du mal à offrir une identité à l’ouvrage. Les décors ne sont pas dépaysant au point de m’avoir fait voyager. C’est dommage car errer dans les vignobles de Toscane n’est pas désagréable en cette période automnale. De plus, je trouve que les personnages ne sont pas suffisamment travaillés pour que le lecteur s’y attache. Je les trouve fade et cela ne fait qu’accentuer leur manque de profondeur généré par le scénario.
Au final, cette lecture s’est avérée décevante. Je n’ai pas retrouvé la qualité du travail rencontrée dans Châteaux Bordeaux. C’est dommage. Je ne suis pas particulièrement pressé de lire la suite et ce n’est pas bon signe. Je ne vous conseille donc pas de vous y plonger pour découvrir le travail d’Eric Corbeyran. Ce ne serait pas rendre justice à bon nombre de ses séries. Mais In Vino Veritas est la preuve que tout le monde peut avoir un moment de faiblesse…