Cette troisième aventure de XIII est assurément la meilleure. Si elle reprend avec une grande efficacité tous les ingrédients habituels des films sur l'enfermement et l'évasion qu'elle suscite, elle n'oublie pas de faire avancer l'intrigue. Certaines nouvelles révélations, remarquablement traitées en parallèle de la détention de XIII, suscitent une grande curiosité et plusieurs personnages secondaires s'installent véritablement dans le paysage. Les ennemis s'affirment, les alliés potentiels se signalent et les liens entre les différents protagonistes se précisent. C'est tout le paradoxe et la réussite de cet opus. Enfermé dans un asile et incapable de poursuivre son enquête sur son identité, XIII en apprend davantage sur son obscur passé.
Le scénario de Jean Van Hamme est vraiment aux petits oignons, ricain jusqu'au bout des ongles, délicieusement référencé et parfaitement mené. On suit tout cela par l'intermédiaire de plusieurs personnages, ce qui enrichit évidemment le récit. On ne s'ennuie pas une seconde dans cette histoire parfaitement équilibrée qui n'oublie pas, comme d'habitude, de faire la part belle à l'action mais avec beaucoup plus d'efficacité. L'atmosphère est remarquable et la peinture de ce trou à rats offre de sublimes contrastes entre les cellules, au choix crasseuses ou capitonnées, et ce bunker dressé au milieu de nulle part. D'autres scènes, quant à elles, soulignent le travail de William Vance définitivement à son aise quand il s'agit de planter des décors. Les dialogues, enfin, sont plus aboutis.
Cet épisode, s'il peut s'apparenter à une parenthèse dans le déroulement général de l'intrigue, illustre parfaitement ce que peut être la saga, à savoir une relecture de tous les sujets rebattus dans les séries B américaines. Après un imbroglio familial propre aux grands propriétaires terriens, cette plongée dans le monde carcéral ouvre très clairement des portes à d'autres univers. Le personnage est taillé pour traverser les genres, les lieux, les milieux. Toutes les larmes de l'enfer, qui est encore un titre merveilleusement trouvé, conclut parfaitement un premier tryptique. Jean Van Hamme a très clairement trouvé la bonne carburation avec une aventure mouvementée, instructive et totalement fluide, avec des personnages de plus en plus passionnants. Un régal.