(critique basée sur l'ensemble de la série)
L’idée de départ était pourtant novatrice : en un instant, tous les mâles du règne animal sur Terre meurent soudainement. Plus un seul porteur de chromosome Y (à l’exception des plantes) n’a survécu…
Enfin presque, car forcément, vu le titre, on va très vite apprendre qu’il y a deux survivants : Yorick Brown et son singe Esperluette. Pourquoi ? Comment ? Est-ce un virus, de la magie, une intervention divine ? Avec un seul mâle reproducteur sur Terre, l’humanité est-elle en train de vivre sa dernière génération ? C’est toute l’intrigue de cette dizaine de tomes de « Y le dernier homme ». Enfin, ça devrait… Ou plutôt ça aurait dû…
(Soit dit en passant, je trouve les premiers tomes particulièrement misogyne. 50% de la population mondiale qui meurt d’un coup, OK ça devrait avoir un impact fort sur le système sociétal, mais de là à tomber dans l’anarchie la plus totale et le chaos le plus violent, c’est vraiment avoir peu de foi dans la gent féminine…)
Malheureusement, le scénario n’exploite pas assez ce pitch. Certes, on assiste à l’écroulement de la société telle qu’on la connait. D’accord, le monde devient un immense chaos. OK, très bien. Mais au lieu d’exploiter cette « nouvelle donne », la BD devient vite une série d’action/espionnage/contre-espionnage qui tombe très vite dans le classicisme le plus banal. Yorick est pourchassé, se fait des amis, se fait trahir, cherche sa copine, se fait capturer, se fait libérer pour se re-faire pourchasser à nouveau… Sa situation de dernier homme sur Terre n’est finalement qu’un prétexte à une succession de scènes d’action et de bagarre, et l’enjeu politique de mettre la main sur le seul être capable de sauver l’espèce humaine n’en devient qu’anecdotique.
On passera rapidement sur la cause réelle de la disparition du chromosome Y (sans spoiler, l’explication de ce qu’il s’est passée est complètement ouate de phoque…) ou de comment Yorick a survécu (l’explication « scientifique » présentée n’est absolument pas convaincante). Les fausses pistes ne sont pas suffisamment exploitées non plus…
J’allais mettre un 4 ou un 5 à cette série, jusqu’à la lecture du dernier tome (attention, spoilers possibles dans la suite). Le dénouement de l’histoire serait presque oubliable si il n’y avait pas le décès d’un des personnages principaux. C’est vraiment à ce moment-là que Yorick prend une autre dimension et devient vraiment intéressant. La fin raconte l’ « après » : 50 ans plus tard, Yorick, devenu vieux, rencontre un de ses jeunes clones. Une série de flash-back laisse imaginer ce que tous les autres personnages sont devenus – c’est probablement la partie la plus intéressante de la série, j’aurais aimé en savoir plus… Ce dernier tome sauve la série et me fait remonter la note de quelques points. C’est juste dommage que les 8 ou 9 premiers tomes soient si peu intéressants. Je me suis dit que, finalement, la série aurait dû être tellement mieux…
