Spider Jerusalem tisse sa toile vers les sommets
Spider Jerusalem. Rien que le nom de ce antihéros met d'emblée tout le monde d'accord: ici, pas de chichis, on attaque directement l'épi de blé à la tronçonneuse industrielle.
"Transmetropolitan" est un pur chef-d'oeuvre de la BD, dans la lignée des "Maus" ou des "Watchmen". Il transpose dans un monde où la technologie est presque plus humaine que les humains eux-mêmes le résultat de 50 ans de pseudo-journalisme mondial.
Inspiré par le journaliste Hunter S. Thompson, auteur du roman "Las Vegas Parano" et précurseur du journalisme gonzo, Spider Jerusalem se veut la voix de la vérité dans un monde où l'information est aussi corrompue que ceux qui la diffusent. Entouré de ses deux "sordides assistantes" comme il aime les appeler (une ancienne danseuse de strip-tease et la fille de son patron), il cherche à mettre au grand jour la vérité qu'il voit sans prendre parti pour la bienséance, bousculant sans cesse l'ordre et la hiérarchie établis.
On regretterait presque ne pas avoir plus de journalistes comme ce personnage complètement allumé, admirablement illustré par le sire Robertson, qui nous offre une vision d'un monde plus vulgaire et allumé que le pire des toxicomanes asocial de ce monde. Warren Ellis au scenario offre une histoire qui entre dans les sinuosités visqueuses du pouvoir, dans la tête du Dieu information et de sa manipulation, pour y dévoiler à la face du monde la gangrène qui le pourrit de l'intérieur, comme une critique d'aujourd'hui sur la société actuelle où tout le monde est espionné, pisté, fliqué, et où l'on offre en guise de pâtée aux citoyens de l'information distillée pour plaire à la ménagère entre deux spots de télé-poubelle. Une bonne vraie bouffée d'oxygène comme on aimerait en voir plus souvent.
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