Transmetropolitan (1997 - 2002) par jeunecinéphile

Au milieu des années 40 naissent les premiers comics chez Marvel et DC comics. C'est un genre fantastique, destiné à un public assez jeune. Au milieu des années 80 se développent de nouvelles séries déstinées à un public plus mature, en particulier chez DC comics, qui a alors crée une branche appelée Vertigo. Un nouveau genre apparaît avec la sortie de Watchmen, puis de Sandman, qui insère la symbolique dans les comics. Dans les années 90, Warren Ellis crée une nouvelle série fantastique, Hellblazer, puis Transmetropolitan. C'est l'un des premiers auteurs de comics à utiliser la science-fiction pour s'adonner à une critique de la société. En plaçant son histoire dans le futur, il s'arrange pour faire passer un message tout en gardant un lecteur décomplexé, qui s'identifie en le héros de Transmetropolitan, Spider Jerusalem.



you traded on fear and hate and snacked your way into a place where you could make your wet dreams come true by turning America into a fucking third world country that bleeds money and export fuck all but shit television and transplantable organs.



Spider Jérusalem, c'est vous, c'est moi, et c'est nous tous. Spider, c'est avant tout un journaliste, un œil cynique, mais objectif, un homme qui n'appartient à aucune époque, à aucune nation ni à aucun parti politique. En fait Spider, c'est celui qui n'a pas changé avec son temps. Il n'aime personne, et méprise tout le monde. Il ne recherche rien en ce monde, aucune chose n'a de valeur pour lui. Sauf une, bien sûr : The thruth. Oubliez les journaux, les promesses d'hommes politiques foireux, ils vous mentiront. Spider vous raconte ce qui se passe vraiment.
Sous un contexte socio-culturel de plus en plus éloigné du nôtre (dans la forme), ce monde que nous décrit Ellis nous paraît pourtant bel et bien actuel. Il paraît très progressiste, ouvert aux cultures et uni. Pourtant, l'Amérique que nous décrit l'auteur est tout ce qui est de plus superficiel. Elle se fonde sur les bassesses de l'homme, sur les instincts pervertis par le système, et devient progressivement inhumaine. Elle est peuplée par un peuple abruti par les médias, obnubilé par le sexe (où plutôt l'image que la société en donne), et plein de naïveté. Oui, c'est cette naïveté Américaine que critique l'auteur, l'American dream , qui se transforme en rébellion, une marche effrénée pour ne pas être comme les autres, pour se sentir important, pour être. En fait, l'Amérique semble toujours être un pays juvénile, pleine de rêves, se traduisant par un manque d'intérêt aux choses sérieuses de ce monde, un individualisme révolté, ou plutôt un aveuglement, un oubli de soi et des autres aux profits des idoles de la société.
Le comics aborde de nombreux thèmes dans chacun des tomes. Il dénonce le sensationnalisme, la technologie, les fausses idoles, la démocratie et la cupidité des dirigeants.
Il dresse une critique exacerbée de l'intégrisme : Ici, tout est poussé à l'extrême. C'est un peu un 1984 des temps modernes. C'est de la science fiction révoltée et anti-systématique.
Transmetropolitan est une véritable satire, déguisée en trip délirant, qui semblerait se dérouler dans un univers parallèle.



If anyone in this shithole gave two thugs of a dead dog's cock about truth, this wouldn't be happening.



Graphiquement, le comics est assez joli. Sans faire preuve d'une très grande originalité, Darrick Robertson garde une esthétique qui se prête très bien à l'univers d'Ellis. L'encrage est assez fin, léger, la colorisation assez y et variée, proche de celle de Dave Gibbon, pour donner un aspect vivant mais sale de la ville, les ombres assez marquées et efficace, et le tout se marrie très bien dans l'ensemble des 9 tomes.


On a donc un comics satirique très intelligent, aux personnages passionnants et très bien écrit, aux dialogues réalistes et poignants. Un comics au propos clair et très impliqué. Ce qui est intéressant avec Transmetropolitan, c'est qu'il nous appelle tous à être Spider, et à nous révolter contre cette société immature que nous décrit Warren Ellis.

jeunecinéphile
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le 7 juin 2015

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jeunecinéphile

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