Transmetropolitan c’est la BD qui prend aux tripes, qui titille le cerveau et réveille le neurone contestataire. Ca te balance des citations cultes toutes les deux pages, le genre de phrases que tu vas noter dans un carnet tellement tu trouves que c’est couillu et vrai et que ça se fout du politiquement correct.
On se balade dans un futur dystopique qui pousse à l’excès des tares déjà réelles de notre société. La BD les exacerbe et les exagère tout en nous laissant un arrière-goût méchamment familier.
On aborde un tas de sujet: politique, religion, pauvreté/richesse, racisme, sexisme, médias omniprésents, drogues, etc…
Spider Jerusalem, c’est le coup de pied dans la fourmilière. C’est un journaliste gonzo complètement taré et en même temps foutrement intelligent qui décrypte la société qui l’entoure, qui lui retire ses faux-semblants et essuie la poudre aux yeux pour révéler son pourrissement intérieur, son écoeurante réalité.
Spider, c’est le mec que l'on veut écouter, le type qui dit la vérité crue, qui ne se laisse pas intimider, qui n’en a rien à foutre de jouer le jeu des politiques.
Et pour être précis, Spider c’est aussi un connard shooté à toutes les drogues possibles, qui aime bien utiliser son agitateur-d’intestins sur les gens qui l’emmerdent pour qu’ils se chient dessus -au sens propre-. Il est misanthrope et en même temps amoureux de justice sociale, il aime et déteste à la fois la Ville. Il est froid et en même temps sensible. Lui, ce qu’il vise, c’est la vérité, et il est prêt à tout pour la diffuser.
Transmetropolitan est un mélange parfait d’humour à crever de rire, de rébellion, de violence crue, d’intrigues, de profondeur et de légèreté. On mêle critique politique et sociétale avec considérations technologiques, SF et les deux donnent une critique à propos de l’impact de la technologie sur la politique et inversement et la place prédominante de la technologie sur nos vies et la façon qu’elle a de nous contrôler ainsi que notre dépendance croissante à son encontre.
Le monde de Transmetropolitan est extrêmement avancé technologiquement, mais ça n’est pas une technologie brillante et étincelante, ici c’est une technologie qui se nourrit d’ordures, c’est une technologie poisseuse qui s’ajoute à la poisse de la ville. Les gens et les créatures sont dégueulasses, ils sont moches, ils sont mutés, il puent, ils transpirent. C’est très organique.
Bref, une oeuvre complète, servie par des dessins superbes de détails.
A noter que la série ne perd pas en qualité au fil des tomes qui restent tous aussi bons que le premiers même si l’ambiance arrive à évoluer de façon encore plus sombre et engagée.