Je reste assez mitigée quant à cette histoire.
Je trouve qu'en effet, comme j'ai pu le lire par-ci par-là, la bande-dessinée a mal vieilli, notamment au niveau des dessins (qui collent néanmoins bien à l’atmosphère générale) et des personnages (absence totale de personnages féminins intéressants qui ne sont vues qu'à travers un regard masculin et misogynie décomplexée).
En fait je sais ce qui m'a dérangée pendant ma lecture, c'est cette ambiance viriliste poisseuse qui manque de réalisme, de subtilité et qui finit par créer un vrai malaise, d'autant plus qu'on sent bien que cela n'est pas fait de manière consciente par les auteurs pour interroger quelque chose, jouer sur et avec, et contre, non c'est juste basiquement leur vision testostéronisée de la vie dans un train traversant l'apocalypse. Premier deg ils ont l'air d'être les mecs. Et c'est fatiguant de lire des histoires pareilles, vous pouvez me croire.
Ça me fatigue mentalement de penser que des mecs ont pu être contents d'eux et même être félicités pour avoir pondu des scénarios à ce point stéréotypés et niant à ce point l'existence de la puissance du féminin. Cette bande dessinée fait la part belle à la virilité triomphante (ce qui en soit n'est pas un problème) qui forcément, forcément, ne peut exister sans une forme de misogynie naturelle, jamais interrogée, jamais mise en question, en difficulté, et là cela me pose un problème car y en a marre des mecs qui ne se posent aucune question et qui cognent pour régler tous les problèmes, et que tout dans l'univers valide cette vision, sans aucune remise en cause. Si il n'y a pas de jeux par rapport à ces questions (place des femmes et des hommes, du féminin et du masculin au sein de chacun de nous, etc...) on tombe dans du sexisme primaire et ne pouvons-nous pas nous épargner cela ?
Sinon le concept du train qui avance "à travers la plaine" éternellement comme ça, c'est fort, c'est super intéressant en vérité et ça se tient bien. Il y a une vraie puissance symbolique qui demeure intacte. En plus dans le premier tome il y a une histoire d'épidémie et de quarantaine qui sonne très trèèès actuelle. J'ai apprécié ma lecture pour cela, pour cette avancée vers la sainte Loco qu'on a presque envie de prier soi-même. Le microcosme social est aussi assez bien fichu. L'histoire du premier tome est linéaire, efficace on va dire, celle du deuxième et troisième tome est plus difficile à suivre je dirais, mais aussi plus complexe et touffue. J'ai apprécié les fins de tous les tomes qui tout en clôturant, donnent le ton de l'histoire qui vient de s'achever : "il n'y a nulle délivrance à attendre". Leurs côtés tragiques collent parfaitement au propos. D'autres fins auraient été décevantes.
Une lecture accrocheuse donc, on arrive à se cramponner au train et on a envie de le remonter mais bon dieu, y en a marre des femmes qui ne sont vues que par le prisme d'un regard masculin (et pas par le plus subtil, loin s'en faut) !