Transperceneige : L’Intégrale, c’est un peu comme prendre un billet pour un train qui traverse un monde gelé… et découvrir que le wagon-bar est en rupture de chocolat chaud. Benjamin Legrand, Jacques Lob et Jean-Marc Rochette t’embarquent dans une épopée post-apocalyptique où l’humanité, coincée dans un train interminable, essaie de survivre… ou de s’entretuer, souvent les deux en même temps.
Le concept de base est aussi brillant que glacial : le dernier bastion de l’humanité roule sans fin dans un monde figé par le froid, chaque wagon représentant une classe sociale, de l’élite gavée de champagne à l’arrière-train où la misère suinte à chaque boulon. C’est une allégorie sociale aussi subtile qu’un coup de pelle, mais diablement efficace. Plus qu’une histoire, Transperceneige est une réflexion crue sur les inégalités, la survie, et la folie humaine.
Visuellement, Jean-Marc Rochette excelle à donner vie à ce monde oppressant. Les dessins en noir et blanc, à la fois bruts et détaillés, renforcent l’atmosphère claustrophobe et désespérée du train. Les visages creusés des passagers, les couloirs étroits, et les paysages glacés à l’extérieur : tout contribue à te donner l’impression que tu es toi-même coincé dans cet enfer roulant.
Côté scénario, les trois parties de l’intégrale offrent une progression captivante mais parfois inégale. La première partie, avec son héros prêt à tout pour avancer, est une claque narrative. Mais à mesure que l’histoire se déploie, certains segments perdent un peu de leur souffle, notamment lorsqu’ils s’aventurent dans des sous-intrigues un peu moins percutantes. Cela dit, l’intensité et la tension ne disparaissent jamais complètement, et les révélations finales te laissent souvent aussi froid que les vitres du train.
Le bémol, c’est que cette œuvre peut paraître un peu trop lourde pour certains. La charge symbolique est omniprésente, et le message – bien qu’essentiel – est parfois martelé avec un marteau-piqueur narratif. De plus, les personnages, bien qu’efficaces, manquent parfois de nuances, servant davantage d’outils à l’allégorie que de figures auxquelles s’attacher.
En résumé : Transperceneige : L’Intégrale est une traversée glaçante et intense de la condition humaine, portée par une esthétique puissante et un concept inoubliable. Si tu aimes les récits dystopiques qui te confrontent à tes propres failles (et celles de la société), c’est un incontournable. Monte à bord, mais prépare-toi à ce que le voyage soit aussi fascinant que brutal. Et n’oublie pas ta doudoune.