J'avais bien aimé "Mon ami Dahmer" (malgré le contenu et le style graphique me mettant mal à l'aise), et n'avait pas lu "Rock Home et Mobile Home". C'est au tour de Trashed d'arriver dans notre beau pays, et sans savoir à quoi m'attendre, je ne regrette absolument pas de l'avoir lu, bien au contraire.
Parler des éboueurs ... un sujet innattendu, mais finalement pas si idiot. Que sait-on de ce sujet après tout ? Mis à part qu'ils passent dans nos rues, à certaines heures, pour nous débarasser de nos détritus. La nouvelle fiction de Derf Backderf prend des allures de documentaire dessiné, tant il parvient (au risque d'y perdre en réalisme) à informer son lecteur sur tous les aspects de ce métier peu gratifiant.
J.B., son héros de 22 ans, est le portrait parfait du jeune éboueur en pleine désillusion. Ayant arrété ses études, il ne trouve pas mieux comme travail. Mauvais statut certes, mais mieux payé que tous les autres petits boulots que sa ville lui propose. Sur quatre saisons, nous assistons aux vents et marées de la fine équipe de la voirie. JB et son équipier nous déversent les nombreux et peu glorieux portraits des citoyens. Que ce soit les riches, les pauvres, les jeunes, les vieux, les chômeurs ou les politiciens : tous y passent, et ce n'est pas glorieux. Le portrait est acide, accablant, et inquiétant, tant nous savons que l'auteur s'inspire de son expérience personnelle pour alimenter son récit.
Humour grinçant et humour noir, l'histoire est fluide et agréable. Les tournées sont entrecoupées d'arrêt sur la vie privée de nos chers éboueurs (un portrait totalement complet, je vous le dis). Nous comprenons bien vite que ces travailleurs accablés par ce qu'ils voient ne cherchent pas réellement à se sortir de leur propre merde, laissant les jours, les semaines, les mois et années défiler en alimentant le doux rêve d'un meilleur emploi.
Un portrait satirique de l'Amérique à travers une exploration de qualité du métier d'éboueur. Un nouveau signal d'alarme à propos de la surconsommation qui nous espérons, sensibilisera tout lecteur qui prendra le (malin) temps de dévorer cet ouvrage.