Qu'il est difficile de trouver un point d'entrée dans les comics de super-héros tant ces séries tentaculaires peuvent paraître opaques voire inintelligibles sans avoir au préalable avalé une encyclopédie sur le sujet... Fort heureusement pour nous, Brian M. Bendis veille.
Ultimate Spider-Man... l'univers Ultimate, sorte de mouture moderne (et parallèle) de l'univers Marvel traditionnel, accueille par l'entremise de cette série d'environ 140 épisodes (en contant les annual et épilogues) le pauvre pauvre Peter Parker. Ici âgé d'à peine 15 ans, il croise la route d'une araignée génétiquement modifiée par la sinistre compagnie Oscorp et développe de toutes nouvelles capacités. Mais dans un monde en pleine mutation, le malheureux trouvera très vite des ennemis à sa hauteur...
Je le confesse, je n'ai jamais été un fan de Spider-Man. Yep. Le mec en collants rouge et bleu qui balance des vannes de seconde zone en se balançant d'un building à l'autre, ça m'a jamais fasciné. Et pourtant, cette série m'a fait éprouver de l'empathie pour lui.
Car c'est là sa grande qualité : on se sent en effet très vite immergé dans les histoires des différents protagonistes, pour lesquels on en vient à éprouver de la compassion. Oui, même envers les méchants. Il n'est pas rare de se sentir mal pour Doc Ock, Wilson Fisk ou encore, oui, même lui, Norman Osborn. Et pourtant ce sont de belles ordures. De même, il n'est pas rare qu'on se prenne à détester l'un des héros pour sa conduite, l'écriture étant nuancée et subtile. Une tante May qui manque de patience envers son neveu, un Peter Parker névrosé, une MJ Watson souvent inconséquente voire vaniteuse... En fait Bendis tire toute la substance de ce qu'est une série Marvel, c'est-à-dire avant tout un concentré d'humanité. Et pourtant, ce sont bien souvent des dramas d'adolescent qu'on doit supporter... mais la plupart du temps, les dialogues sont tellement naturels que ça coule sans qu'on s'en rende compte. Une très belle leçon de narration en comics.
Que dire des dessins... Bah deux dessinateurs vont se succéder : Mark Bagley, qui va donner un style très personnel et haut en couleur à la série et qui sévira pendant environ les 6 ou 7 dixièmes du run, et Stuart Immonen, qui prendra la suite de celui-ci... sans laisser un souvenir aussi impérissable, la faute à un style bien trop neutre qui va salement jurer avec son prédécesseur.
Ultimate Spider-Man, je pensais que ce serait une série sans relief, destinée à simplement capitaliser sur la popularité de son héros... ben non. Bendis a su rendre son bébé complexe et riche.