Benjamin Renner est le lauréat du Prix Jeunesse du festival d'Angoulême 2016 pour "Le Grand Méchant Renard". Ce coup de projecteur lui a permis d'être repéré par le grand public. Cet album a donc beaucoup été chroniqué.
Il a néanmoins commis un premier album, en 2011, intitulé "Un bébé à livrer", resté jusqu'alors un peu confidentiel, et que le prix obtenu à Angoulême remet en lumière... et c'est tant mieux.
L'histoire : Comme chacun le sait, en Alsace, les cigognes déposent les bébés sur le seuil de la maison de leurs futurs parents... mais c'est aussi le cas à (en ?, j'ai jamais su le fin mot de l'histoire) Avignon. La cigogne de l'histoire s'étant cassé une aile, confie son précieux paquetage à un canard, un cochon et un lapin qui passaient par là avec pour mission de livrer le marmot dans la cité des Papes...
Voilà résumées là les toutes premières des 290 pages de l'ouvrage... que l'on résumera comme une folle course-poursuite, aussi pathétique qu'hilarante, digne des pires blockbusters amerloques... matinée de Peter Sellars (les catastrophes en série de The Party) et de Bip-Bip et Coyote à la sauce Reiser. Personnellement j'y ai aussi vu un hommage à John Cassavetes, mais peut-être extrapole-je...
Extraits choisis :
"Chef ! Le commandant du vol à destination des Philippines nous appelle en urgence. Il nous demande la procédure en cas de détournement d'avion par un cochon, un canard et un lapin..." ou bien
"Dépêchez-vous si vous ne voulez pas retrouver le bébé en gigot !!" ou encore
"Est-ce qu'on ne pourrait pas essayer de garder ce bébé plus de cinq minutes d'affilée ?"
Benjamin Renner (celui qui court, en allemand !) porte bien son nom ! Gags en chaîne, rythme trépidant, aucun temps mort et nombreux fou-rires à la clé. Si ce bouquin ne devient pas très vite un classique, (tout comme Le grand méchant renard) qu'on me catapulte !!! (il faut lire le bouquin pour comprendre pourquoi)
En résumé, cet album célèbre à chaque page la crétinerie crasse et cruelle, que l'auteur élève au rang d'art majeur (le 10ème ?). L'esprit de Tex Avery s'est réincarné dans l'oeuvre d'un jeune artiste français. Pas moins.
Dans un style très différent Benjamin Renner a réalisé "Ernest et Célestine" qui a obtenu le césar du film d'animation et a été nominé aux Oscar. Auparavant il s'est formé en réalisant quelques court-métrages dont Le plus gros président du monde.