Un caillou enterré n'apprend jamais rien - Ralph Azham, tome 4 par belzaran
Le troisième tome de « Ralph Azham » annonçait la fin du premier cycle. Pourtant, à la fermeture du livre, ce n’était pas bien évident. Je n’étais pas pleinement séduit par cette histoire et j’hésitais donc fortement à continuer l’aventure avec ce nouveau cycle, du moins ce quatrième tome intitulé « Un caillou enterré n’apprend jamais rien ». Mais le tout étant dessiné et scénarisé par Lewis Trondheim, j’ai craqué…
« Ralph Azham » représentera, pour toute personne connaissant l’œuvre de Trondheim, comme un « Donjon bis en moins bien ». Là où « Donjon » se permettait tout, « Ralph Azham » est plus consensuel. Sa publication chez Dupuis (et dans le magazine Spirou) l’explique amplement. Ainsi donc, on se retrouve avec un monde de fantasy classique, mais malmené en permanence. C’est le personnage de Ralph, très cynique, qui sert de catalyseur aux clins d’œil de l’auteur. Ce dernier est l’élu, poursuivi par toutes les milices de tous les pays. Il est épaulé de son ami magicien avec qui il se dispute souvent, Ralph ne respectant que peu les croyances des autres. Nos deux compères entrent à Octania afin d’essayer d’embarquer sur un bateau et se rendre sur l’île de Vom Syrus, pour lui demander son aide.
On a clairement affaire à un tome de transition ici. En effet, à la fin du livre, Ralph quittera à peine Octania. Même s’il détourne les codes du genre, Trondheim s’y perd également. Un lieu = un tome. On découvre les us et coutumes du coin, le héros perturbe l’écosystème local puis s’en va.
Il serait cependant réducteur d’aborder ce tome ainsi. Si la notion de cycle n’est pas évidente, elle se retrouve dans les personnages. Ainsi, les premiers tomes étaient beaucoup basés sur la sœur de Ralph. Ici, Ralph va rencontrer de nouveaux personnages qui changent fortement le ton de l’album. Il faut bien avouer que le tout est sacrément prenant. Trondheim semble avoir pris son rythme et ce tome ne paraît pas du tout dilué. Cela m’a redonné foi dans cette série. Même si les enjeux réels de l’histoire semble bien mineurs ici (comme dans les premiers « Donjon » d’ailleurs), force est de constater qu’il y a beaucoup de bonnes idées et que les personnages commencent à devenir vraiment sympathiques et attachants (il était temps…).
Au niveau du dessin, on retrouve le dessin animalier de Lewis Trondheim. Le tout est maîtrisé et certains décors sont vraiment beaux. La mise en couleur, vive, met bien en valeur le trait de Trondheim. Il est à noter qu’il y a une forte densité de cases par page, l’auteur aimant beaucoup insérer des silences lorsque les personnages dialoguent, ce qui apporte une vraie subtilité aux comportements.
Au final, ce quatrième tome est une agréable surprise. Je ne regrette absolument pas d’avoir assouvi mes pulsions consuméristes. J’espère juste que l’histoire prendra une ampleur un peu plus importante par la suite. Car si les dialogues, les actions accrochent le lecteur à la lecture, parfois on s’arrête quelques secondes en se demandant « mais pourquoi ils sont là d’ailleurs ? ». Si vous avez apprécié un tant soit peu les premiers tomes, n’hésitez pas à continuer l’aventure.