Un caillou enterré n'apprend jamais rien - Ralph Azham, tome 4 par Eric17
Lewis Trondheim est incontestablement un des meilleurs auteurs du neuvième art de ces vingt dernières années. J’ai succombé à ses charmes en découvrant « Slalom », album zéro de « Les formidables aventures de Lapinot ». Depuis, je guette chacune de ses nouvelles productions. « Donjon » est incontestablement son projet possédant la plus grande ampleur. Son immersion dans l’univers de la fantasy est une évidente réussite qui génère une plongée dans un univers dense, drôle et envoutant. C’était donc avec un appétit gourmand que j’ai vu apparaitre « Ralph Azham » dans les rayons de librairie. Rapidement, cette série a été décrite comme une cousine de « Donjon » même si beaucoup de lecteurs cherchent à renier cette parenté. Sans jamais y trouver la magie de la saga précédente, cette nouvelle aventure d’un héros incompris était suffisamment bien construite pour que je sois curieux de découvrir ses nouvelles pérégrinations. C’est ainsi que je me suis offert le quatrième tome peu de temps après sa sortie datant du mois d’octobre dernier. Il s’intitule « Un caillou enterré n’apprend jamais rien ». Sa couverture nous présente le héros en train de découvrir un trésor. Mais l’interrogation résulte de la présence de deux personnages féminins qui nous étaient jusqu’alors inconnues. Il ne restait plus qu’à se plonger dans l’ouvrage pour en savoir davantage.
Le site BD Gest propose le synopsis suivant : « Ralph Azham a réussi à rendre la mémoire à sa sœur Rose, et à quitter Astolia. Mais, tant que le fourbe Malek continuera à se faire passer pour le roi, lui, sa famille et ses amis seront toujours en danger. Pour évincer l’usurpateur, Ralph a un plan aussi simple que dangereux : il va s’allier avec le grand méchant Vom Syrus. Reste à trouver un bateau pour rejoindre son île lointaine… »
L’épisode précédent marquait la fin du premier cycle. La rupture n’apparait pas évidente. Ce n’est pas important mais curieux. Cet album est dans la lignée des aventures vécues jusqu’alors par ce héros. Les différents événements croisant la route de Ralph Azham n’ont toujours pas établi un réel fil conducteur précis à la série. Par cela, je cherche à dire que cette saga ne possède pas de but mythique à forte ampleur. Au final, on suit le quotidien d’un personnage dont on a du mal à cerner la réelle place dans le monde qui abrite ses pérégrinations. C’est un choix original certes mais qui m’empêche de me projeter dans l’avenir des protagonistes. La conséquence est que le héros me laisse indifférent. Il ne déclenche ni empathie ni animosité. Je trouve cela dommage. Beaucoup de lecteurs le comparent à Herbert, le personnage central de « Donjon ». Le parallèle sur certains aspects. Néanmoins, le canard et son épée du destin nous est mille fois plus sympathique que ce cher Ralph.
Malgré ce bémol, le scénario offre une lecture agréable. On ne s’ennuie jamais. Le fait que le fil conducteur soit secondaire permet à l’auteur de consacrer énormément de temps aux différentes anecdotes qui agrémentent le cheminement de la petite communauté. La majorité de celles-ci nous est contée sur le ton humoristique et décalé qui caractérise Lewis Trondheim. Sur ce plan-là, les adeptes du genre auront plaisir à découvrir certaines répliques bien construites qui feront du bien en attendant la fin de l’hibernation de « Donjon ». On rencontre également de nouveaux personnages dont une féline au caractère trempée. Elle offre une nouvelle corde à la narration. Je suis curieux de savoir ce que deviendra son rôle dans les opus suivants. Il faut dire que « Un caillou enterré n’apprend jamais rien » se déroule uniquement dans la ville. Au début de l’album, Ralph a besoin d’un bateau. Il quitte le quai lors de l’avant-dernière page. On peut donc parler d’unité de lieu ! J’ai peur que la série nous fasse découvrir un lieu par épisode. Cela a tendance à ralentir la trame globale.
Au final, cela fait de cet album un moment sympathique à défaut d’être mémorable et enthousiasmant. Je persiste à trouver que « Ralph Azham » manque d’envolée. Sans paraitre paresseuse, je trouve l’histoire classique. Les dessins sont toujours bons et coïncident parfaitement avec l’esprit de la série. On n’a aucun mal à sourire aux nombreux gags qui se succèdent. Mais à aucun moment, on est emporté par les événements. A mes yeux, « Ralph Azham » restera éternellement dans l’ombre de « Donjon » au risque de contredire beaucoup de lecteurs qui prétendent le contraire ! Je n’hésiterai pas malgré tout à m’offrir le prochain acte de la saga. Cela restera un plaisir de suivre les aventures de ce héros et son mauvais caractère. Mais cela est une autre histoire…