Des manèges, des trains fantômes, des barbes à papa et … une horde sauvage.
Un donjon de trop inaugure superbement la série Donjon Parade, une série que j’affectionne tout particulièrement. Trondheim et Sfar y déploient l’humour qui a fait le succès des premiers tomes de Donjon Zénith, avec une approche encore plus potache et enfantine. Surtout, Donjon Parade a le mérite de nous faire visiter les coulisses de la gestion du Donjon, aspect au fort potentiel humoristique que les auteurs ne traitent qu’en surface dans la série principale. Seul bémol de cette série pour moi : le format inhabituellement court, puisque toutes les histoires ne font que 32 pages au lieu de 48, ce qui fait qu’on arrive vite à la fin de l’album.
Ce premier tome donne clairement le ton de la série avec une histoire décalée extrêmement drôle et bien vue. Aventuriers clients à attirer, budget publicitaire, donjon concurrent, monstres salariés en grève, revendications sociales, diversification des activités du Donjon, chiffre d’affaire en baisse, menaces de licenciements, politique salariale, investissements … L’album caricature à l’extrême le côté « PME » du Donjon et c’est vraiment rigolo ! Quelques tirades bien senties renforcent la drôlerie et la loufoquerie de l’histoire (la réplique sur « l’oubliette des stagiaires » est juste hilarante) et l’ensemble donne une impression « d’aventure au quotidien » particulièrement agréable.
Quand Trondheim et Sfar décident de confier la série Donjon Parade à Manu Larcenet, celui-ci n’est pas encore la méga star de la BD qu’il est aujourd’hui. Le combat ordinaire et Le retour à la terre ne sont pas encore parus, Blast et Le rapport de Brodeck encore moins. Tout juste est-il considéré comme un auteur prometteur de la bande dessinée humoristique, statut qu’il doit à ses productions remarquées dans le magasine Fluide Glacial. Autant dire que la proposition de Sfar et Trondheim est une aubaine pour lui, tant l’esprit de la série Donjon Parade correspond à son style graphique, avec un trait léger, potache et rigolard. Grâce à son dessin comique très expressif, Larcenet renforce l’ambiance joyeuse et absurde de cette série, et Herbert, Marvin et compagnie n’ont jamais parus aussi rigolos que sous ses crayons. J’avoue avoir un gros faible pour toutes ces petites mimiques que Larcenet arrive à donner aux personnages, les rendant terriblement drôles et attachants. Au final, si la série Donjon Parade est si réussie, c’est autant grâce à l’imagination foisonnante et à l’humour de Trondheim et de Sfar qu’au talent de dessinateur de Larcenet.