La partie d’échecs engagée entre l’Agent Graves et le Trust atteint son apogée. Alors que la majorité des pions ont été évincés du plateau, il est temps pour les cavaliers d’entrer en jeu. Pour les membres du Trust comme pour les ex-Minutemen, il convient néanmoins de cimenter les alliances, consolider les positions et placer les pièces maîtresses dans le viseur. Alors que les Rois manœuvrent pour se tenir hors d’atteinte et placer leur Reine respective entre eux et l’ennemi, une question occupe tous les esprits : seront-ils encore capables d’élever leur jeu ? (contient les épisodes #58 à 63)

Wylie Times, Shepherd et Dizzy sont sur la route et s’arrêtent à une station service. Les hommes font le plein alors que la belle rentre dans la boutique de la station. Shepherd demande à Wylie le mot pour réveiller les Minutemen, Wylie répond : « Croatoa ». Bam ! Sans même réfléchir, Dizzy, à l’entente de ce mot, prend une arme et tire sur Shepherd qui s’enfuit aussitôt. Ce dernier va alors appeler Lono et lui proposer d’être libéré, ainsi que le jeune Loop, en échange ils doivent détruire le Trust pour mieux le reconstruire.

Et bien quel choc !! Et cela n’est que le premier chapitre de ce neuvième volume. Cela commence fort. Je ne m’attendais pas à ce que Dizzy se réveille et simplement qu’elle soit une personne susceptible de se réveiller. Et plus surpris encore de voir Shepherd se faire dérouiller ainsi par la belle ! Sacré rebondissement ! Brian Azzarello nous réserve une belle surprise, qui nous colle à notre siège. Et soyez assuré, que ce n’est pas la seule fois que vous allez sursauter avec ce tome.

Une chose est sûre, Azzarello a réussi d’une main de maître à déplacer ses pièces sur l’échiquier. On se retrouve avec une galerie de personnages tous plus intéressants et riches les uns des autres. Et alors que l’on arrivait, à peu prêt, à situer plus ou moins chacun d’entres eux dans un clan ou l’autre, on se rend compte, avec ce tome, que les choses sont beaucoup plus compliquées que cela en fait. Certains semblent manger à tous les râteliers, d’autres ne pas être dans les camps prévus ou que l’on imaginait. Pire encore, toutes nos certitudes volent en éclat lorsqu’on assiste à notre plus grande stupéfaction à une rencontre amicale entre Graves et Augusto Medici !

Vous l’aurez compris, après ce tome, vos certitudes sur 100 Bullets, et surtout sur les personnages peuplant son univers, seront bouleversées. Dizzy qui tire sur Shepherd, celui-ci demandant avant de mourir à Lono de détruire le Trust. Mais nous découvrons également Megan Dietrich (toujours aussi diaboliquement attirante et diablement sensuelle) qui fait venir Mr Branch aux Etats-Unis. Ce dernier se voit confier une mission parallèle par Cole Burns concernant Echo ! Augusto Medici met son fils sur la touche. Lono et Loop partent en mission, récupérant au passage Victor Ray (le premier Minutemen réveillé par Graves) !

Tout ce chamboulement général se déroule avec en trame de fond une sinistre histoire d’homme abandonné par sa femme pour les bras d’un gangsta à font dans la drogue. Ce même homme qui va rencontrer un taré à la parole facile et vulgaire. Le tout se terminant dans un bain de sang à la Kill Bill et laissant un petit garçon à la Dexter !

Oui, ce tome part dans tous les sens. Oui Azzarello a enclenché la cinquième. Oui on est un peu perdu par moment. La faute à cette grande partie d’échec entre Graves et Medici. La faute à tous ces personnages voulant tirer toute la couverture sur eux. Chacun trafiquant, manipulant, usant, tuant dans son coin, pour sa cause mais aussi pour eux-mêmes.
Elle est loin la fameuse mallette des premiers tomes avec son arme et ses 100 balles non identifiables. On était alors loin de s’imaginer à quel point la toile que commençait à tisser l’Agent Graves, et Azzarello, allait devenir aussi immense, aussi nébuleuse et aussi machiavélique. Plus l’histoire avance et plus les auteurs arrivent à nous happer, à nous faire sombrer dans cette guerre qui unit le Trust et les ex-Minutemen.
100 Bullets est de plus en plus un excellent polar, où règnent sexe, violence et argent conjointement. Et nous, simples lecteurs, prenons un malin plaisir à voir tous ces personnages, tous ces fous, plonger tête la première dans cet énorme complot ourdi par les têtes pensantes que sont Graves et Augusto Medici. Le pire dans tout cela c’est que de ses fameux plans, nous n’en savons toujours rien. Aucune explication ! On ne voit absolument pas où ses deux personnages se dirigent et surtout dirigent les autres !

Comme toujours, Eduardo Risso excelle à nous retranscrire cet univers de sexe et de violence. Ce tome débordent de scènes hots et trashs, de scènes hard et malsaines, de scènes chocs et violentes. Ses personnages représentent ce qu’ils sont et sont ce qu’ils représentent. Graves est quelconque ce qui le rend encore plus mystérieux. Megan Dietrich transpire la sexualité, la rendant encore davantage convoitée. Augusto Medici si propre, si classe ne peut être qu’un homme charismatique, Lono avec son look négligé et ses ongles longs est un véritable monstre. LE talent absolu de Risso nous éblouit lorsqu’on réalise que les personnages ne pourraient pas être différents. Par moment en regardant un personnage dans un comics on se dit « Je le verrais coiffer différement, il devrait porter autre chose. » « Son visage ne colle pas. » Là rien de tout cela, Lono ne pouvait être qu’ainsi pour être Lono, Megan ne pouvait avoir un autre physique que celui-ci. Il nous suffit d’un simple petit regard sur un personnage pour déjà connaître beaucoup de choses sur lui, avant même de le voir parler.

Bref, ce neuvième tome de 100 Bullets est un énorme coup de pied dans la fourmilière. On passe la vitesse supérieure. Les pions sont en place et il est temps pour chacun d’entre eux de passer à l’action. Mais j’ai l’impression qu’ils veulent tous aller dans une direction différente et remporter, seuls, la partie ! Vite, la suite !
Romain_Bouvet
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Urban Comics est un ennemi de mon banquier!

Créée

le 14 déc. 2013

Critique lue 202 fois

1 j'aime

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 202 fois

1

D'autres avis sur Un frisson dans la jungle - 100 Bullets (Panini), tome 9

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

17 j'aime

5