Un Homme est Mort

Un jour j'ai lu un article qui qualifiait "Un home est Mort" de BD Social. Le terme peu rebuter et surtout est réducteur. Un Homme est Mort c'est d'abord un poème d'Eluard lié à jamais de par le travail de René Vautier et son film, à un évènement dramatique qui eu lieu le 17 avril 1950 à Brest.

L'histoire est basé sur un film témoin disparu et réalisé par un jeune cinéaste militant, qu'on qualifierait aujourd'hui de documentariste.

Le but premier était de filmer pour le compte de la CGT la grève générale des ouvriers brestois pendant la reconstuction. Mais la mort du militant Edouard Mazé "abattu" par les forces de l'ordre lors de la manifestation du 17 Avril 1950 change la donne.

Le film tourné qui aurait pu devenir un acte de ménoire s'ancre alors dans l'émotion collective et tend à mobiliser les grévistes.

Achevé en urgence et projeté en quelques nuits au sein des piquets de grève, le film rend l'âme au bout de 150 projections. L'enregistrement perdurera un peu plus longtemps et sera entendu par Eluard lui même, dans une version personnelle et instinctive d'un ouvrier clamant sa peine et sa colère sur le ton du poème d'Eluard. Mais celui ci disparu également.

Faire revivre cette histoire par une bande dessinée ? Drôle d'idée ? challenge réussi en tout cas de par le travail pertinent de Kris et Davodeau. Le sujet s'y prêtant parfaitement : quoi de plus naturel que de faire revivre un film disparu par un story board ?

Le sentiment qui prédomine à la lecture n'est pas attaché finalement à l'évenement social qui est le fond. La subjectivité est forcément présente (elle est naturelle) mais l'esprit militant et manichéen est absent du récit. J'en tiens pour exemple la scène de la mort d'Edouard Mazé qui se veut prudente laissant place à une vérité encore à définir par les historiens.

Il s'agit plus de mettre en lumière l'esprit de solidarité et l'incompréhension d'hommes éprouvés par cette Reconstruction qui n'en finit pas et d'espoir déçu de l'après guerre...

Au moment où s'agonise l'esprit ouvrier de nos anciens, que l'on soit de n'importe quel bord politique, le respect rejaillit à travers ces pages.

Chaque société, chaque période et l'idéologie communiste notamment à ses défauts. Mais au jour où l'on tente de rassembler par la haine des "autres", il est bon de se souvenir que des hommes se sont rassemblés dans l'espoir d'un avenir meilleur et on su communié leur souffrance.

Car si l'espoir mène au bonheur, la peine cerne l'humanité d'un individu. Mais la peur, elle, n'est qu'une perpétuelle désertion.


nota : la bd est accompagné d'un dossier doc hyper intéressant

Un Homme est Mort, Davodeau et Kris, aux éditions Futuropolis, 2006.