Une histoire sans paroles qui en dit long

Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione, c’est un peu comme une bouteille à la mer. Au départ, tu te demandes où elle va échouer, mais en la ramassant, tu découvres une aventure drôle, émouvante, et d’une profondeur insoupçonnée. Prépare-toi à naviguer sur les flots de l’amour, du ridicule, et du courage, sans une seule bulle de dialogue… mais avec une tonne d’émotions.


L’histoire démarre avec un vieux marin breton, aussi attachant que son caban est râpé, qui part pêcher tandis que sa femme, indécrottable et adorable ménagère, lui prépare un déjeuner qui a l’air plus lourd qu’un filet plein de thons. Mais une tempête inattendue bouleverse leur routine bien huilée : lui est emporté dans une aventure rocambolesque à travers les mers, et elle, bien décidée à le retrouver, se lance dans une odyssée terrestre tout aussi déjantée.


Wilfrid Lupano, en s’abstenant totalement de mots, prouve que l’humour et l’émotion peuvent passer par le dessin seul. Grégory Panaccione, avec son trait vivant et expressif, donne à chaque personnage, à chaque vague, à chaque mouette (oui, les mouettes sont des stars ici) une personnalité qui te claque en pleine figure. C’est un festival visuel où chaque case regorge de détails hilarants ou touchants.


L’humour est omniprésent, souvent burlesque, mais jamais gratuit. Les mésaventures du marin, de son combat contre une boîte de sardines à ses rencontres improbables avec des contrebandiers, alternent avec les péripéties de sa femme, armée de son inébranlable détermination et d’un charme qui désarme. Mais derrière les gags visuels se cache une réflexion douce-amère sur l’amour, l’engagement, et la résilience face aux tempêtes, qu’elles soient réelles ou métaphoriques.


Visuellement, Panaccione livre un travail impressionnant. Chaque planche est une explosion de vie, de couleurs et de mouvements. Les expressions des personnages sont si parlantes que les dialogues semblent superflus. La mer, tantôt magnifique, tantôt menaçante, devient un personnage à part entière, et chaque embarcation croisée semble avoir son propre univers.


Le seul bémol, si on veut chercher la petite sardine, c’est que l’histoire, bien qu’universelle et charmante, reste légère dans son déroulement. Mais c’est aussi sa force : Un océan d’amour ne prétend pas révolutionner le genre, il te prend simplement par la main (ou la rame) pour te raconter une histoire sincère et magnifiquement humaine.


En résumé : Un océan d’amour est une œuvre muette mais pas silencieuse, une déclaration d’amour à l’amour lui-même, et une aventure pleine d’humour et de tendresse. Lupano et Panaccione prouvent qu’avec du talent, des dessins et une mouette bien placée, on peut raconter bien plus que mille mots.

CinephageAiguise
9

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le 26 nov. 2024

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