Kanae a la vingtaine, est belle, légèrement androgyne avec ses cheveux courts et ses vêtements plutôt neutres. Elle tient une enseigne de bains publics d'ampleur modeste dans une petite ville nippone sans histoire. Seulement, son mari a disparu du jour au lendemain il y a de cela quelques mois et le syndicat lui a envoyé un jeune homme pour le remplacer le temps de retrouver le disparu/fuyard. Et l'intrigue se révélera finalement assez classique, entre quête du mari perdu et découverte de l'énigmatique remplaçant, tout en faisant face aux aléas éventuels de la gestion de bains publics.
Et Undercurrent, c'est 300 pages de légèreté, de plongée dans les bains, de cadrage presque cinématographique et délicat, de rythme plus proche de la BD européenne que du manga traditionnel, mais avec toute la pudeur et le respect exagéré des Japonais.
Undercurrent, c'est une intrigue classique, qui se révèle sublime parce qu'elle parvient à rendre chaque personnage pourtant quelconque en apparence, très touchant, très vrai, très juste.
Undercurrent, c'est un mélange de silencieuses ballades en forêts, d'autoroutes traversées sans un mot et de dialogues bouleversants, de vérités qui tombent comme des couperets, de souvenirs en apnée forcés de remonter à la surface.
Undercurrent aurait pu être une très mauvaise série télé française, avec son intrigue qui préfigure des retournements de situation grossiers, ses rêves énigmatiques qui parsèment le récit et sa mollesse générale. Mais tout fait sens, les révélations surviennent et touchent juste, sans trop en faire, les rêves expliquent tout en plongeant dans l'ambiance et le total manque d'action sert parfaitement cette ambiance mélancolique, apaisante et vaguement mystérieuse.
Undercurrent a la douceur, subtilité et la sobriété d'un Taniguchi, mais avec tellement plus de puissance dans ses personnages et beaucoup plus de maitrise dans la gestion d'une intrigue.