Abélard c'est l'histoire d'un petit bonhomme, frêle et innocent, qui va découvrir la vie à sa manière. Ayant toujours vécu au même endroit, un lieu plein de quiétude qu'on nomme "Le Marais", protégé des vices du monde extérieur, il fait une rencontre qui va changer sa vie, qui va lui donner envie de décrocher les étoiles. Pourtant averti des risques par les vieux briscards, anciens baroudeurs, qui ont enfin trouvé un endroit où le calme règne, il va se lancer dans un périple qui va changer à tout jamais sa perception de la vie.
La démarche du premier album est forte, pleine de lyrisme et de vie, et donne envie à chacun de prendre son baluchon et d'arpenter le monde en quête de ses rêves.
Mais Abélard est un diptyque, et il fait mal. Il nous rappelle que quand l'âme la plus pure se retrouve confrontée à celles qui n'espèrent plus, elle ne comprend plus rien à rien. Mais parfois, elle touche certaines des plus dures et les transforme à jamais. Abélard et Gaston, deux personnages que tout oppose, vont se comprendre avec le temps, s'aider à affronter le monde qui les entoure, et inconsciemment influencer la vie de chacun. Leur rencontre basée sur le rêve américain finira de manière brutal pour un mais salutaire pour l'autre comme si la vie se transférait de personnes en personnes.
Rares sont les fois où une BD m'a accroché à ce point par sa poésie empreinte d'une telle violence morale. Beau mais dur, ce diptyque nous rappelle à quel point nos rêves peuvent être volatiles et cruels. Malgré tout, essayer de les poursuivre, c'est tenter de vivre. Deux albums bien servis par leur dessin, tellement représentatifs du message qu'ils veulent passer. Très fort.