Cette bande dessinée met en scène Howard Zinn assistant à la réaction des Etats-Unis au 11 septembre : invasion de l'Irak et de l'Afghanistan. Le célèbre historien de gauche américain, resté dans les mémoires pour son grand succès Une histoire populaire de l'Amérique, tient une conférence virtuelle dans laquelle il revient sur les pires moments de l'impérialisme américain.
On évoque successivement la bataille de Wounded Knee (massacre de Sioux), la politique de la "porte ouverte" avec l'invasion de Cuba et celle des Philippines (le passage que j'ai le plus apprécié), la répression du syndicalisme au début du XXe siècle (avec la figure d'Eugen Debs), l'utilisation du napalm pour la 1e fois sur Royan, la répression des zazous, la guerre du Vietnam, la question raciale, les documents du Pentagone, les opérations de Reagan contre les Sandinistes, la chute de Mossadegh.
Comme on le voit, l'ouvrage ne suit pas pleinement la chronologie, et la définition d'impérialisme est au fonds flou, puisque le livre évoque à la fois les ingérences américaines extérieures et la répression contre les minorités ethniques (Indiens, Afro-américains) ou contre le syndicalisme. Je ressors donc avec la même impression qu'en commençant la lecture d'Une histoire populaire des Etats-Unis : l'impression de chapitres assez décousus. L'impérialisme dont il est question, c'est au fonds l'usage de la force plutôt que le droit. C'est un peu vague.
Sur le fonds, peu à redire, c'est toujours très documenté, voire érudit, même si, transcription en BD oblige, c'est bien plus narratif qu'analytique (l'anecdote est reine). Il y a un léger ton condescendant et donneur de leçons propre aux intellectuels de gauche américains, mais on apprend certaines choses, et les anecdotes de Zinn sur sa jeunesse sont chouettes, y compris les petits faits d'armes de manif avec Chomsky au moment du Vietnam.
Sur la forme, le graphisme est assez laid. Au moins ne cherche-t-il pas à embellir les syndicalistes ou enlaidir les méchants de droite : tout le monde est servi à la même enseigne.
Je ne sais pas si ce livre est susceptible de plaire à des lycéens. Il aurait gagné à être plus centré sur un sujet précis. C'est un antimanuel d'Histoire américaine, qui complète l'histoire officielle en y ajoutant des pages de mauvaise conscience. Au fonds c'est juste cela : un recueil des moments de mauvaise conscience américaine. C'est bien, mais un peu court.
Lu pour l'HGGSP.