Le troisième tome d’Outcast confirme tout le bien qu’on pensait de cette série depuis son ouverture : Robert Kirkman distille à merveille les informations pour garder l’attention du lecteur aux aguets, tandis que Paul Azaceta sculpte avec talent et minutie une identité graphique originale à l’œuvre. C’est passionnant, intellectuellement motivant, et
graphiquement puissant.
L’intrigue s’ouvre où le tome précédent nous a lâchés, en pleine tension entre Kyle et son ex, et de suite le personnage affronte autant son passé que son manque de courage intérieur : mise en danger personnelle, suffocations dans l’échec, la séquence est intense. Tout le tome est intense d’ailleurs, jouant à la perfection le prolongement inconfortable de cette ouverture. Robert Kirkman n’est jamais aussi bon que dans ces échanges apparemment anodins qui percent à jour la psychologie des personnages en trois phrases assassines, en un regard de braise ou de glace. Cette Petite Lueur qui vient éclairer le sombre et dense volume, c’est
la compréhension naissante pour le personnage central de ce qu’il est,
de qui il est et de comment il peut le gérer : l’auteur nous raconte ici la conscience de soi et la préhension indispensable de son existence pour y faire sens, c’est très habile et amené discrètement, faible rayon de lumière à destination de tou(te)s.
Pour continuer de porter l’ensemble, Paul Azaceta livre un travail minutieux au dessin, sert le dynamisme des séquences en instantanés étudiés au cœur d’un montage fluide,
c’est envoûtant et expressif, dénué de surplus inutiles :
l’artiste capte l’essentiel dans des décors simples, et laisse le lecteur terminer de les remplir de ses propres projections, l’invitant de fait à participer, à s’immerger dans l’univers d’Outcast. L’emporte là, dès la première séquence, dans un tome fort en émotions et en révélations légères après l’intensité presque insupportable de l’exorcisme d’une amie proche, qui ne cesse d’attiser l’inextinguible soif de comprendre.
De gros éclairages se posent sur le passé de Kyle et de ses relations proches, et ces dernières mises dans la confidence doivent franchir
l’obstacle angoissant de la vérité :
Une Petite Lueur est un volume indispensable dans la narration d’Outcast, après une longue mise en place, la mécanique dévoile quelques rouages, commence de mettre en lumière quelques éléments. Robert Kirkman sait éveiller la curiosité et l’intérêt de ses lecteurs assurément, rythme et tensions dramatiques, l’auteur joue de la narration avec talent et termine l’ouvrage sur un cliffhanger magnifique, propulsant le lecteur vers le tome suivant avec avidité
là où la réflexion s’affine, s’éclaire,
et doucement se concrétise dans le réel des personnages.