Enfant, tout comme Akihiro, à la question « que veux-tu devenir plus tard », je répondais « je n'en sais rien ». Aujourd’hui, tout ce que je sais c’est que l’enfant que j’ai été a donné l’enfant que je suis et qu’Une sacrée mamie fera de moi l’enfant que je serai. Rien de plus, et pourtant c’est déjà tout.
Même si la place est disputée, à Saga, il n’y a pas plus pauvre qu’Akihiro et sa mamie. Seuls un ruisseau et une poule leurs permettent soit de pêcher du chou soit de préparer du riz à l’œuf sans œuf. Akihiro et sa mamie n’ont rien. Moi j’ai bien plus. Pourtant je leur ai tout envié.
Pour faire face, Akihiro et sa mamie usent pleinement et en permanence, dans la plus grande des vertus, de tout ce qu’ils sont. Ainsi, plutôt que de conquérir ils conservent et partagent, plutôt que de préjuger ils admettent et soulagent, et plutôt que de jouer le jeu de l’Humanité ils s’entêtent à aimer. C’est donc sous le toit d’une vieille bicoque au cœur et au ciel ouverts qu’ont pu fleurir les idéaux et les rêves d’Humanité que mon cœur assoiffé ne cesse de désirer. Je sais d’expérience qu’une telle floraison est rare, Akihiro aussi, alors de ses mains il lui en a servi tout le nectar. De ce geste, plus jamais le sourire ne m’a quitté. Toujours présent lorsque mes larmes maudissaient mes paupières, armé jusqu’aux dents quand l’espoir m’abattait le buffet, réfugié tout là-haut lorsque vint le moment de leur tourner le dos.
Précipitée est donc venue cette douloureuse page et avec elle le moment de leur dire au revoir. D’un regard humide figé sur Akihiro paisiblement allongé sur les genoux de sa mamie j’ai pensé : « restez encore un peu avec moi ». Mais la page s’est tournée : « où vais-je pouvoir vous retrouver ». D’un battement apparut alors, dans ce cœur au bidon désormais tout rond, un parapluie abritant vos deux noms.
Akihiro, personnellement j’ai ma réponse, quand je serai grand enfant je deviendrai aussi riche que toi et ta mamie, évidemment.