Hélène
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Bastien Vivès me frustre. Ses ouvrages sont plein de qualités tant graphiques que narratives, mais il ne parvient jamais à réellement me toucher. Trop de déchets, de tics, de cases bâclées au milieu de dessins magnifiques. De même, la récurrence de certains thèmes obsessionnels commence à fatiguer. « Une sœur » est un roman graphique qui s’intéresse à un ado de 13 ans qui va découvrir ses premiers émois sexuels avec une ado de 16 ans. Un amour de vacances. Le tout est pèse 200 pages et est publié chez Casterman.
Je préfère préciser immédiatement que les critiques qui sont faites à Vivès sur le fait de dessiner des ados en train de se masturber (ou de se faire masturber) ne sont pas vraiment pertinentes. C’est le sujet même du livre. Bien sûr on peut se poser des questions sur les obsessions de l’auteur sur ces sujets, mais cela ne rentre pas en compte dans l’appréciation de l’histoire. D’ailleurs, la « sœur » en question n’a aucun lien de parenté avec son « frère ». Bastien Vivès s’amuse à mettre une forme d’inceste là où il n’y en a pas… Curieux quand même.
Ce sont donc les amours de vacances, à l’adolescence, et l’éclosion de la sexualité qui est abordée. Antoine se retrouve ainsi avec une jeune fille de 16 ans qui passe les vacances avec lui et dort dans sa chambre… Voilà de quoi perturber un collégien ! Hélas, on croit peu à cette histoire. Beaucoup de scènes semblent forcées (lorsqu’elles ne sont pas inutiles). Ainsi, la BD met du temps à démarrer. C’est le syndrome du roman graphique : on s’égare, on prend son temps. Mais c’est surtout dans la sexualité des ados qu’on tique un peu. Cela ressemble à un catalogue de fantasmes. On n’y croit pas, simplement. Ne serait-ce que le fait que la jeune fille passe son temps à se déshabiller devant tout le monde…
Ainsi, il faut surtout se rabattre sur les moments plus intimes pour y trouver du sens. Alors, certes, les relations entre cette jeune fille qui n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à boire, fumer, passer sa soirée avec des mecs et Antoine qui hésite, plus jeune, encore enfant est assez juste. Mais la multiplication des scènes du genre fatigue. Finalement, c’est quand les deux ados sont seuls que Bastien Vivès maîtrise le mieux son sujet. Hélène, plus âgée, s’amuse avec Antoine, attaque son intimité, le pousse à grandir plus vite.
Au niveau du dessin, c’est du Bastien Vivès pur jus. Un talent indéniable dans le trait, mais une flemmardise évidente. À force de ne pas dessiner les yeux, on perd sacrément en émotion. Et si l’art de la composition des cases, de la narration est indéniable, l’inégalité dans le dessin est frustrante. Certaines cases sont magnifiques, d’autres semblent tirées d’un storyboard, griffonnée à la va-vite. Même chose pour la colorisation en gris, qui manque d’éclat
« Une sœur » raconte une romance entre deux ados. On peut trouver cela poétique, touchant ou quoi que ce soit, mais l’histoire traîne en longueur. Sans rebondissement, sans surprise non plus, le lecteur y cherchera de l’émotion dans l’a contemplation du corps d’Hélène. On ne compte plus les cases qui la sexualise en permanence. Ses seins, ses fesses, ses jambes, ses cheveux… Si bien que l’ouvrage ressemble avant tout à un prétexte à Bastien Vivès à dessiner des corps, son obsession de toujours. Quand il dessinait « Polina », il le faisait dans un cadre plus pertinent que cette amourette de vacances, creuse et sans enjeux. Mais Bastien Vivès a ses adorateurs et la remise en question semble hélas bien loin de ses préoccupations.
Créée
le 20 sept. 2017
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