J'adore cette BD que je revisite régulièrement. Tant le sujet que le dessin sont vraiment faits pour vous mettre en joie. Nous sommes en 1870. Lapinot est ici un pauvre garçon dont le projet de devenir scientifique a été contrarié par ses parents et qui se retrouve condamné à, je cite , " passer ses journées dans un studio spacieux et lumineux à peindre des femmes nues". L'horreur... C'est donc avant de commencer ce sacerdoce qu'il prend des vacances à la campagne. Et là, le malheureux, l'amour le frappe au cœur....
Trondheim nous propose donc un Lapinot bien décidé à rechercher les causes scientifiques de ce nouveau mal, au pire moment possible, car toute rationalité fuit son cerveau surmené par cette émotion inconnue.. Il reçoit heureusement l'aide de son major d’homme. Non content d'affronter les pires symptômes de l'amour fou, il doit aussi faire face à ces anciens camarades de jeunesse qui veulent lui chiper sa dulcinée. Throndheim s'amuse avec nous avec les bons stéréotypes de l'Angleterre, la lady, le stoïque valet, le soldat de l'armée des Indes, la partie de thé etc...
Comme toujours dans ses BDs, l'humour parfois absurde est toujours mâtiné je trouve de cette troublante sensation que nous avons déjà connu cette situation ou ce personnage (ce trait du talent de Trondheim est plus évident bien sûr dans ses pièces contemporaines). Les situations sont amusantes, mais avec retenue dans ce cadre anglais, et c'est dans les dialogues que ça brille vraiment. La lune et le soleil y participent d'ailleurs, et tout ça ne manque pas de poésie.
Lapinot : " Et quels remèdes y-a-t-il à l'amour? "
Le valet : "S'il n'est pas comblé, il n'y a que deux choses... Tout
d'abord, l'oubli de l'être aimé"
Lapinot : "Non, non, tout à fait impossible. Définitivement non...
Quelle est la seconde?"
Le valet : "La mort."
Lapinot : "Mmmm..... L'oubli... Pas si bête..."
Cet album est génial et je ne peux que recommander avec la plus extrême des urgences à tous ceux et toutes celles qui ont connu les mêmes symptômes !