Vagabond
8.2
Vagabond

Manga de Takehiko Inoue (1998)

Je critique la série tome après tome.

Tome 1 : Ça fait quelques temps que j'avais constaté que Vagabond était une des séries seinen les plus réputées et populaires et je suis bien content d'avoir enfin pu emprunter le tome 1 à la bibliothèque.
Que dire de ce premier tome ? C'est plus shônen que ce que je pensais, avec un héros bien jeune (17 ans) et beaucoup de grosses bastons assez folles. On est dans une logique de scène d'action ultra violentes, avec du sang qui gicle partout, très esthétisée, avec des grosses cases qui mettent bien en valeur les actions impressionnante des protagonistes. Et ça n'hésite pas à tuer à tout va. Donc voilà, ceux qui veulent quelque chose de plus réaliste, de plus calme, vont sûrement devoir passer leur chemin, mais en état c'était plutôt agréable à lire. C'est hyper fluide, les pages s'enchaînent sans difficultés, on suit les personnages avec intérêt et les rebondissements sont nombreux. Le titre est pour l'instant très centré sur l'action, mais la psychologie des personnage semble prometteuse et on a déjà quelques réflexions intéressantes. Un premier tome engageant donc, en espérant que la suite soit à la hauteur. [8]

Tome 2 : A la lecture de ce tome, je me suis dit que les lecteurs de comics de super héros qui détestent Bendis et sa décompression ne devaient surtout pas lire Vagabond, car Inoue offre un récit encore plus dillué ! Comprenez bien qu'à la fin de ce second tome on comprends que les deux premiers volumes n'étaient que le prologue de l'histoire !
Le début du tome est assez chiant car il se résume à une suite de tueries sans saveurs qui traînent en longueur. Heureusement que le personnage du moine se ramène et que les meurtres s'arrêtent pendant une bonne partie du volume pour passer à un sujet plus intéressant et vraiment plus passionnant. La fin du volume est à ce titre vraiment excellent et laisse espérer de bonnes choses. Niveau dessins, Takehiko Inoue est très bon et c'est vraiment agréable à regarder. [7]

Tome 3 : En commençant cette série, je m'attendais à un seinen d'exception, en arrivant à ce tome 3 je me retrouve avec un shônen bas du front ou l'on va de combats en combats avec pour seul but la volonté du personnage principal de devenir plus fort. Wouhou. Bref, grosse déception. J'espère que l'auteur a prévu des trucs cools pour la suite, sinon ça risque de vite me gonfler... Donc voilà, le héros semble s'en foutre du changement de paradigme de la fin du second volume, n'y a gagné qu'un nouveau nom et continue de vouloir tabasser tout le monde pour être balèze... Il trouve des nouveaux ennemis, qui se foutent de sa gueule, il montre que c'est lui le patron et des gars biens costauds arrivent...Bon je n'en dit pas plus et il y a quelques rebondissements sympathiques et les persos ont de bonnes gueules, mais c'est franchement pas passionnant ni très original. Dommage. [6]

Tome 4 : Après un tome 3 assez décevant pour ma part, je redoutais un peu ce 4e volume... Mais coup de bol, le père Takuan est de retour et avec lui les combats sont de nouveau absents. On en a bien un ou deux en fin de volume, et le héros semble encore avoir cette obsession d'être le plus fort mais sa réflexion sur lui même continue (ou recommence plutôt, après un tome 3 où il en avait plus rien à foutre). J'ai hâte qu'il arrête de penser qu'en terme d'affrontements et de force brute et c'est ce qui semble se passer petit à petit au fur et à mesure qu'il rencontre d'autres personnages. Ces passages "psychologiques" sont vraiment réussis et intéressants à lire. Ce qui est cool, c'est aussi que depuis le dernier tome on revoit en parallèle "le pote du tome 1" (ou Matahachi) et ce qu'il est devenu après sa fugue. Cette partie est là aussi vraiment réussie et porte des réflexions intéressantes entre ce que le mec rêvait à l'instant de sa fuite et le quotidien qu'il a obtenu, la vie qu'on lui promettait et les rêves qu'il entretient encore ainsi que la destinée de son pote.
Bref, ce tome là était bien. Espérons un tome 5 dans la même veine. [7]

Tome 5 : J'ai toujours un peu de mal avec cette série. En fait, j'ai du mal avec le concept que l'un des seinen les plus populaires ne soit en fait qu'un shonen de baston. Comme quoi, la catégorisation ne fait pas que du bon... Moi quand je vais lire un seinen, j'ai envie de lire un truc qui change de la baston, qui raconte d'autres choses avec une autre sensibilité et là... Et je n'ai sans doute pas non plus hyper envie de suivre une autre série qui ne se résumé qu'à un enchaînement interminable de baston... En tout cas la sauce a vraiment du mal à prendre.
Ce tome 5 nous propose la première partie d'un affrontement face à un adversaire redoutable, et c'est plutôt sympathique. Comme toujours, le côté très décompressé offre une lecture ultra fluide, les dessins sont beaux, les coups impactant et du coup ça se lit sans déplaisir même si ce n'est pas transcendant. Ces types qui ne vivent que pour se battre à mort me laissent un peu indifférent en fait et j'ai vraiment du mal à avoir de l'empathie pour eux, notamment pour le héros qui, depuis le début de la série, n'a jamais été très attachant.
Heureusement que ma bibliothèque possède les tomes de cette série, car je n'aurais jamais eu le courage d'acheter ce truc. [6]

Tome 6 : Cette série a décidément un côté imprévisible... Alors que je déclarais dans la critique du tome précédent que la série n'était finalement qu'un shonen de baston, voilà que ce tome me fait mentir. On ouvre le volume avec le combat du tome 5 qui est déjà fini, une ellipse que je n'avais pas vu venir, et on cause quasiment plus combat durant tout le tome. A la place, le personnage de Miyamoto Musashi évolue un peu (il était temps, mais je pense qu'il retombera vite dans ses travers) et on le suit en train de méditer et de s'entraîner, ce qui est classique, mais franchement plus intéressant à lire et mieux écrit. En plus, à côté de ça, on retrouve son pote du premier tome, qu'on avait déjà revu il y a quelques tomes et qui s'offre une intrigue annexe franchement réussi. Ce second protagoniste est d'ailleurs limite plus intéressant que le héros car moins archétypal, ce n'est pas une brute au sang chaud qui veut devenir le plus fort... Il est plus lâche, plus fourbe, plus looser aussi, et doit faire avec des choix passés qui n'ont pas toujours été très malins. Son destin prend une tournure étonnante dans ce tome et j'ai personnellement bien envie de savoir ce qu'il va devenir ensuite.
Donc voilà, un tome 6 plutôt réussi, agréable à lire, toujours aussi bien dessiné, qui redonne presque fois à la série. Après, ne nous leurrons point, ce n'est toujours pas du grand manga, mais ça sait se montrer sympathique. Prions pour un tome 7 dans cette veine plutôt que dans celle bourrine du tome 5. [7]

Tome 7 : La série semble avoir repris du poil de la bête depuis le dernier tome, ou peut-être est-ce que je commence à m'y attacher ? Ce n'est toujours pas une grande série au niveau scénaristique, il faut par contre avouer que ce tome est extrêmement beau avec un superbe jeu sur les valeurs et des visages très souvent magnifiques. C'est un tome en tout cas très spécial puisque pendant la moitié de celui-ci les deux protagonistes qui doivent se battre ne font que se regarder. Des chapitres entiers sont consacrés à ce "duel d'aura". C'est assez déconcertant, et ça devait être sacrément frustrant pour les lecteurs qui lisaient ça en prépublication, mais en l'état ça reste suffisamment bien raconté pour que ça ne soit pas gênant, ça permet même au manga d'être un brin original et de marquer l'évolution du personnage principal.
Après, il se passe pas non plus grand chose (presque rien en fait) et ça manque un peu d'évènements impactant émotionnellement, de trucs qui nous amèneraient à encore plus s'impliquer dans l'histoire. [7]

Tome 8 : Vagabond est décidément une série surprenante. La tonalité de la série peut changer quasiment à chaque tome. Un coup ça va être de la baston pure, un coup ça va être beaucoup plus dans l'émotion. La qualité change aussi selon les tomes, et c'est une agréable surprise de voir un tome 8 aussi bon. Le combat qui oppose les deux rivaux est bref et ce qui est le plus réussi est certainement l'après où l'auteur soigne le ressenti de ses personnages qui ressortent tous grandis de cet affrontement. Ils gagnent en profondeur, sont plus humains et attachants, et c'est assez sympa de voir finalement des personnages apprécier la vie après avoir juste voulu combattre jusqu'à la mort par le passé. C'est une évolution de mentalité qui fait plaisir à voir. Les deux derniers chapitres posent une autre intrigue avec le pote du tome 1 de Miyamoto. Celui-ci évolue toujours de manière surprenante et intéressante et on a hâte de voir ce qu'il va devenir.
Graphiquement, c'est comme d'habitude assez sublime. Un vrai régal pour les yeux. Bref, un bon tome de Vagabond. Ça ne veut pas forcément dire que la série est devenue bien, car je ne sais pas du tout où va aller l'auteur dans le prochain tome, et je commence à comprendre qu'avec cette série on ne sait pas qu'est-ce qu'on va avoir tant qu'on ne l'a pas lu, mais ça fait plaisir de voir la série renouer avec la qualité qu'elle avait perdue vers le tome 3. [8]

Tome 9 : Un tome plutôt agréable pour Vagabond. Il ne se passe pas énormément de chose dans ce tome qui soit vraiment intéressant mais ça se lit agréablement. Les personnages ont de bonnes gueules et sont sympas à suivre, et il y a un petit rythme tranquille qui est plutôt chouette. Pas d'affrontements dans ce volume, ce qui est plutôt reposant. Mais ils devraient bientôt revenir je pense, dans le prochain tome ou celui d'après. Et niveau dessins je dois dire que c'est toujours aussi magnifique, avec une attention portée au décor qui me laisse bouche bée. Le niveau de détails de certaines cases de balade en forêt est vraiment hallucinant et c'est un vrai plaisir pour les yeux. [7]

Tome 10 : Ce tome est essentiellement un concentré de baston, mais je l'ai bien aimé tout de même. Je crois que maintenant que je sais un peu plus à quoi m'attendre avec cette série, ça passe mieux. Et puis ici c'est une baston qu'on a attendue pendant quelques chapitres durant le tome précédent, et qui éclate ici de fort belle manière. La grande réussite c'est qu'Inoue réussit à chorégraphier des combats de sabres de groupe et à les rendre super lisibles. C'est vraiment une très grande réussite. La séquence sur le pont est une petite merveille avec une baston ultra fluide, hyper décomposée, sans ellipse, qui est en même temps ultra impressionnante dans sa chorégraphie et les plans choisis, hyper détaillée dans son dessin et combinée avec une séquence plus émotionnelle. C'est vraiment très très fort. Un très beau moment d'action. La fin du tome change de registre, on quitte la baston, mais c'est tout aussi réussi, surtout que c'est un événement qu'on attendait depuis longtemps. C'est finement joué de la part d'Inoue surtout qu'il joue très bien sur le décalage entre attente et réalité pour Miyamoto Musashi. Bref un bon tome pour une série magnifique visuellement mais qui peine à vraiment s'imposer scénaristiquement (bon je dis ça, j'ai vraiment aimé le tome). [8]

Tome 11 : Dans ce tome, Miyamoto se retrouve face au meilleur sabreur du Japon, un vieillard en train de dormir. Et cette rencontre sera probablement déterminante pour l'avenir du personnage. En tout cas, il est un peu secoué par l'attitude du vieux et ce que celui-ci lui dit. Est-ce que l'on aura de vrais conséquences cette fois-ci ou est-ce que le héros se remettra à vouloir affronter tous les sabreurs du monde dès le prochain tome ? Difficile de le savoir pour l'instant.
Sinon, à part ça, on revoit un peu Otsu qui reprend la route elle aussi et qui à l'air de savoir se défendre, ce qui est plutôt sympathique et la rend plus intéressante pour le lecteur (plus que d'être juste le love interest de Musashi). Ah et on revoit aussi le pote de Miyamoto qui avait volé l'identité de quelqu'un et qui risque d'en subir les conséquences prochainement...
Ca se lit, c'est toujours très beau, mais après j'ai trouvé ce tome un peu mou et pas follement passionnant. Alors, je sais que j'ai souvent dit que je n'avais pas spécialement envie de lire que des affrontements au sabre dans cette série, mais bon, il faut aussi avoir des choses intéressantes à raconter le reste du temps. Vagabond est une série renommée, mais pour moi elle fait plus figure de série assez sympa et très jolie que série d'excellence. [7]

Tome 12 : Comme souvent avec Vagabond, ce tome se lit très rapidement. Et comme souvent avec Vagabond, j'ai parfois l'impression que certains chapitres ressemblent à du pur remplissage qui n'avancent rien et je ne peux m'empêcher de penser que certaines semaines, les lecteurs qui le lisent en hebdomadaires doivent rager. A part ça, comme prévu, Miyamoto n'a absolument pas lâcher sa quête de puissance et continue de vouloir défoncer les plus grandes lames du pays. C'est ce qui va l'amener à son prochain adversaire un type qui se bat avec une faucille et qui à l'air bien balèze (comme chaque gros adversaire de la série, en fait).
L'une des surprises du numéro, c'est l'arrivée, ou le retour, je ne sais plus, d'une violence assez crue dans le manga, avec de belles gerbes de sang et des sabres qui rentrent bien dans la chaire. C'est assez étonnant, mais bon après tout, jouer du sabre est dangereux, s'il était besoin de le rappeler.
On continue de suivre en parallèle Otsu et le "pote du début" de Miyamoto, et c'est certainement lui qui a les scènes les plus intéressantes puisqu'il se retrouve dans des situations assez spéciale. C'est toujours surprenant de voir comme il se démerde pour survivre au jour le jour, en jouant les ronin alors que c'est un minable, et s'il n'est pas hyper attachant, il a le mérite d'être plus riche que Musashi.
Ah, et c'est bien entendu toujours très joli. Avec une utilisation du pinceau dans l'encrage de plus en plus prononcée, même si ça ne reste que quelques cases ça et là et des onomatopées. J'ai hâte de voir ce que ça donnera quand l'encrage sera massivement fait au pinceau (c'est ce qui arrive à un moment, non ?).
Donc voilà, Vagabond continue son petit bonhomme de chemin. C'est pas extraordinaire, mais ça se lit toujours bien... Heureusement que je les emprunte en bibliothèque et que je ne les achète pas. [6]

Créée

le 31 janv. 2014

Modifiée

le 22 mars 2014

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