Pour ce huitième tome, le moins que l'on puisse dire c'est que Binet maîtrise son couple. A tel point qu'il se permet une petite pause dans ces thématiques. Cette fois, les Bidochon ne sont pas amenés dans une situation spécifique qui permet à Binet de s'attaquer aux touristes, au monde hospitalier ou aux architectes. Non, nous avons ici une tranche de la vie quotidienne des Bidochon, une vie banale mais très drôle.
Il faut dire que les personnalités sont bien définies, bien mieux que dans les premiers tomes. Robert a la langue bien pendue et est fainéant, Raymonde est une bonne poire qui est coincée dans sa vie médiocre, aimerait avoir des contes de fées mais, en même temps, manque cruellement d'intelligence. Les deux ne sont jamais partant pour faire un effort pour l'autre et n'ont de cesse de vouloir pourtant, amener un peu d'extraordinaire dans leurs vies, mais chacun à son tour, sans jamais parvenir à tomber d'accord sur le quand ou le comment.
Exemple simple : Robert amène un synthé chez eux, l'occasion de faire de la musique. Raymonde trouve ça inutile et elle juge même que ça gâche la décoration de leur salon. De l'autre côté, elle reproche à Robert de ne jamais la faire sortir et de ne plus être romantique (le fut-il seulement un jour ?). Le mélange des deux est amusants. Ce n'est pas que les deux soient méchants ou sans ambitions, mais ils sont médiocres dans la réalisation.
Sans thème précis, ce tome se limite à une seule histoire, se déroulant lors de leur anniversaire de mariage. Mais la journée se divise en plusieurs parties, permettant d'amener quelques thèmes et donc de découper le récit. On rigole bien, il faut dire que le talent lyrique de Binet s'en donne à coeur joie.
On regrettera cependant la rapidité du récit, les cases sont plus aérées et de ce fait, le contenu est plus faible. On a un sentiment d'une absence de densité. Résultat ça se lit très très vite et on a pas vraiment eu le sentiment d'avoir eu un tome complet. Certains seront également attristés de ne pas avoir un parti pris, mais pourtant, je trouve que ce tome est certainement le plus amusant pour ce qui est de l'humour pur. En effet, Binet maîtrise parfaitement ses personnages et leurs expressions, orales comme visuelles.
Espérons que la suite des Bidochons jouissent de la même maîtrise.