Plus dure est la chute
Enième dystopie sortie cette année au rayon BD après le superbe album de Manu Larcenet (La Route) et le sympathique Arca, Vertigéo est l'adaptation de la nouvelle éponyme d'Emmanuel Delporte...
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le 24 mai 2024
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Quand je trouve une BD sans intérêt, je n’en parle pas, mais ici, j’ai été agacé pour ne pas dire plus et pas seulement par la fin incohérente qui ne satisfera aucun amateur de hard SF soucieux de vraisemblance économique et scientifique.
J’ai pris la peine de chercher des interviews des différents intervenants et découvert que la BD est inspirée d’une nouvelle d’une trentaine de pages tirée de l’ouvrage « Au bal des actifs – demain le travail » que je possédais sans l’avoir encore lu.
J’ai donc pu me livrer à l’exercice de comparaison rendu aisé par le nombre de pages peu élevées de la nouvelle. Le style est très agréable et on perçoit la volonté de faire ressentir la poussée de la tour par le style en hommage à Damasio et à La Horde du Contrevent. La fin est identique et gêne par son peu de vraisemblance économique, mais pas autant, car le contexte est tout autre. Dans un recueil de nouvelles consacré à l’avenir du travail, il est clair que l’univers décrit est une parabole. La nouvelle permet de n’explorer qu’un fragment et de mettre l’accent sur une seule composante du travail que l’on souhaite mettre en avant. L’exhaustivité n’est pas de rigueur puisque d’autres explorent d’autres facettes.
Mais une BD, ce n’est pas une nouvelle dans un recueil, mais un univers à part entière. L'histoire nécessite d’être étoffée. Je ne comprends pas que l’éditeur n’ait pas pris la précaution de donner le contexte dans lequel est née cette histoire et je ne comprends pas le choix d’ajouter des péripéties aussi intéressantes qu’une course-poursuite sans autre intérêt que de retarder la révélation alors qu’il y avait bien des façons d’étoffer le monde des élites et de répondre aux interrogations que suscite cette découverte.
Dans la nouvelle, c’est un comble, la rencontre avec les élites est mieux développée; on sent l’empathie des habitants ; on peut imaginer que Vertigéo ne sert à rien économiquement, mais cette dépense se justifie, car c’est un outil de contrôle des privilégiés (qui ne semblent pas l’être autant que ça). Dommage que le choix n’ait pas été fait de détailler et de retrouver un peu de cohérence.
Est-ce que Vertigeo a eu un sens initialement ? À quel moment les élites ont compris que le monde était habitable, comment ont-elles quitté la tour ? Qui travaille et produit dans le monde des élites ? Pourquoi ne pas éliminer la tour et son prolétariat devenu indésirable ? La tour, pourrait-elle avoir une autre fonction dans le contrôle des élites, elles-mêmes… Je n’ose inviter les auteurs à se lancer dans un tome 2.
Pour conclure, à une époque de complotisme forcené où l’on s’achemine vers une catastrophe écologique, j’attends plus de responsabilité et de vision dans les choix d’un grand éditeur.
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Créée
le 26 août 2024
Critique lue 21 fois
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