Viktor
6.6
Viktor

BD de Redolfi et Tommy Redolfi (2007)

Le conte, au travers de sa perspective poétique, propose souvent (avec plus ou moins de réussite) une thématique multidimensionnelle débouchant sur un plaisir pluriel. Aux premières émotions d'une lecture classique et candide, s'ajoute, pour les plus ambitieux, un bonheur intellectuel consistant à débusquer les sous entendus et à tenter de décrypter les paraboles (chacun n'y trouvant, dans la majorité des cas, que son propre message) pour créer ainsi une connivence jubilatoire (et illusoire ?) avec l'auteur.

Viktor présente certainement toutes ces caractéristiques. Cependant, je me suis régalé à seulement demeurer « naïf ». Dédaignant les aspects allusifs et les éventuelles réflexions sur l'espoir ou la quête identitaire, je me suis abandonné à l'onirisme de cette ballade mélancolique, bercé par le rythme d'une délicieuse linéarité narrative. Magie d'un texte délicat transcendé par l'esthétisme d'une ligne contrastée et nerveuse, scénographie torturée et oppressante d'un univers graphique en noir & blanc (ou plutôt gris, d'un si beau gris) dans lequel les faciès lunaires ou funèbres de personnages Burtoniens reflètent une douce et inquiétante tristesse. Une ambiance somptueuse et sombre éclairée de quelques instants plus lumineux, où, tour à tour, les mots, rares et précieux, se noient ou émergent pour mieux scintiller et nous envoûter.

Les réfractaires à la poésie passeront probablement leur chemin, les autres s'offriront une petite parenthèse de rêve, simple et pourtant magnifique.
Sejy
8
Écrit par

Créée

le 19 août 2011

Critique lue 130 fois

1 j'aime

Sejy

Écrit par

Critique lue 130 fois

1

Du même critique

Un printemps à Tchernobyl
Sejy
9

Effroyable beauté...

Regard oblique. Vision biaisée d’un no man’s land au temps suspendu. Sensation indésirable de plénitude. L’auteur peste, témoin impuissant à retranscrire l’horreur du désastre. Pourtant dans ses...

Par

le 18 oct. 2012

14 j'aime

Mémoire morte
Sejy
9

Critique de Mémoire morte par Sejy

Mémoire morte est, à mes yeux, l'œuvre la plus accessible de l'auteur. Les métaphores sont limpides et le scénario, malgré de savoureux et traditionnels accents d'absurdité, est d'une logique...

Par

le 19 août 2011

12 j'aime

Hallorave - Le Roi des mouches, tome 1
Sejy
10

Critique de Hallorave - Le Roi des mouches, tome 1 par Sejy

Je flotte, ahuri. Prisonnier de la bulle nihiliste et lumineuse que Mezzo et Pirus ont créée pour moi. Je vagabonde entre les états d'âme. Béat, repus du plaisir, que dis-je, de la jouissance...

Par

le 19 août 2011

11 j'aime

4