1907, quand l’armée tirait sur la foule en colère... pour une histoire de gros rouge

Il existe des bandes dessinées pour tous, pourquoi pas... Glénat lance Vinifera, une collection consacrée à l’histoire de la vigne et du vin, de l’antiquité à nos jours.

1907. Le pays souffre d’une surproduction de vin, aggravée par les importations. À lui seul, le Languedoc fournit 40 % des tonnages. Ses vignes crachent un rouge trop léger, souvent coupé par les négociants au vin algérien, plus alcoolisé et moins cher, ou dopé au sucre de betterave. Les prix chutent. Les élus locaux exigent la fermeture des frontières, un prix minimum et l’interdiction des vins frelatés. Vinasses tirées de raisins séchés, les vins « mouillés », chaptalisés, voire produits sans raisin. Le pays s’enflamme. 10 000, 100 000, 600 000 personnes manifestent. 600 municipalités démissionnent. La foule se déclare occitane... Paris prend peur. Ministre de l’intérieur, Clémenceau lance 22 régiments d’infanterie et 12 de cavalerie sur le Midi. La préfecture de Perpignan est incendiée. À Narbonne, le 20 juin, la troupe fait feu. On relève 5 morts et 33 blessés. Le 17e RI, aux conscrits locaux, se mutine. Clemenceau garde la tête froide. Il cède, prohibe le mouillage, taxe le sucrage, protège le vin naturel et exonère d’impôts les vendanges de 1904, 1905 et 1906. Tout afféré à préparer sa Grande revanche, il ménage l’armée : les factieux sont simplement mutés en Tunisie. Clemenceau mitraille, puis pardonne. Un grand homme.

Voilà pour l’histoire. Le scénario de Corbeyran expédie en quelques pages la grande révolte, un sujet pourtant magnifique, pour s’attarder sur le destin d’un fils de vigneron tué. Le jeune Gaston est embauché par le margoulin qui a acquis sa ferme. Le margoulin est trop ignoble, le Gaston trop policé, le dessin de Lucien Rollin trop sage, mais bien documenté, et le résultat décevant.