Le récit n’est pas linéaire, l’alternance entre le présent du voyage et les souvenirs d’enfance (visite à la grand-mère, trajet de nuit dans la voiture familiale, vacances traumatisantes dans une colonie catho pure et dure) donne un rythme particulier à l’histoire. Trente ans après, difficile de restituer les faits avec précision. L’exercice de mémoire est forcément fragmentaire, sélectif. On dirait que seuls les bons souvenirs sont restés et que les moments de galère (sans doute nombreux étant donné les conditions du voyage) n’ont pas survécu à l’épreuve du temps. Le résultat est néanmoins cohérent et la lecture d’une grande fluidité.
D’habitude, Nicolas De Crecy aime naviguer à la frontière du réalisme et du fantastique. Dans ce road trip autobiographique il privilégie pour la première fois le réel sur l’imaginaire afin de raconter ce qu’il lui est vraiment arrivé. Il s’autorise malgré tout quelques parenthèses surréalistes, faisant par exemple apparaître le poète Henri Michaux en motard casqué venant lui reprocher d’utiliser sans autorisation des citations issues de ses recueils.
Une plongée nostalgique et réussie dans les années 80.