Le lagon de la dernière chance
Sans doute un des "Spirou et Fantasio" les plus marquants de ma jeunesse. Et il y a de quoi. Tome & Janry creusent toujours plus loin l'introspection de nos aventuriers chéris et l'ambiance est propice au rêve.
Le scénario, c'est vrai, met plus en avant la relation entre les deux amis plutôt que l'aventure en soi. Les coups de théâtre finaux semblent trop faciles (ha ces bons vieux flashback pour expliquer ce qu'il était impossible au spectateur de deviner...) tandis que la dépression de Fantasio nous touche au plus haut point, paradoxalement grâce à une bonne dose d'humour. Après, les problèmes narratifs empiètent sur la psychologisation des personnages, mais ça passe. Enfin, nous retrouvons une fois de plus des influences américaines (y a un côté Boorman dans cette histoire que je ne saurais expliquer) qui viennent nourrir le projet tant dans le scénario digne d'un thriller que dans le graphisme épuré et plein de contraste.
Le dessin est donc assez bien léché et les auteurs tirent profit de leur découpage pour renforcer l'action. Ainsi, les belles planches se succèdent, surtout qu'elles se voient comme toujours complétée par des couleurs de Stuff toujours en forme.
Bref, "Vito la déveine" est une histoire intéressante grâce à son ambiance et son contexte, mais échoue à délivrer un bon thriller de même que l'introspection des personnages, plus particulièrement Fantasio, souffre d'un manque de cohésion dans le scénario.
Remarque : l'on pourra noter que sur les dernières pages, nos héros font le choix couillu de ne pas aider ces pauvres pirates pris dans l'explosion finale ; Spirou et Fantasio décident de ne pas jouer des super héros prêts à tout pour autrui, ils font au contraire preuve d'égoïsme et dans le fond c'est ce qui leur manquait. Comme quoi, Tome & Janry ont véritablement contribué à l'humanisation de deux personnages, et ce n'est pas fini.