Vive la marée !, c’est un peu comme une carte postale humoristique qu’on achète sur un coup de tête : ça fait sourire, c’est léger, mais on n’est pas sûr de la conserver. David Prudhomme et Pascal Rabaté nous plongent dans l’univers bigarré d’une station balnéaire où chaque grain de sable cache une tranche de vie. Une galerie de personnages cocasses, des situations absurdes et un rythme nonchalant : voilà les ingrédients d’une BD qui sent bon l’air iodé… avec quelques odeurs de crème solaire en bonus.
L’album ne raconte pas une histoire, mais une multitude de petites scènes qui s’entrelacent sur le sable chaud. Une famille au pique-nique, des ados en quête de drague, un couple de retraités nostalgiques, et même des chiens qui philosophent en pleine marée basse. C’est tendre, drôle, parfois touchant, mais ça manque un peu de fil conducteur pour vraiment captiver. Une sorte de Short Cuts version camping, mais en plus… dessalé.
Graphiquement, Prudhomme et Rabaté s’éclatent. Le trait est simple mais efficace, et les couleurs pastel évoquent parfaitement la douceur estivale. Les visages sont caricaturaux juste ce qu’il faut pour accentuer l’humour sans tomber dans la moquerie. Chaque case regorge de détails, comme ces cabines de plage et parasols qui deviennent des personnages à part entière. Mais malgré cette richesse visuelle, certains passages manquent de variété, et la répétition finit par alourdir un peu l’ensemble.
Côté ton, les auteurs jonglent entre humour bon enfant et satire sociale. Les dialogues sont savoureux, souvent teintés d’un cynisme discret qui fait mouche. Mais à force de papillonner d’un personnage à l’autre, on reste un peu en surface. Les personnages sont amusants, mais rarement attachants. Ils défilent comme des vagues : sympas sur le moment, mais vite oubliés une fois qu’ils se retirent.
Le vrai charme de Vive la marée !, c’est son ambiance. On se croirait vraiment sur la plage, à observer les petits travers de nos contemporains tout en croquant dans un beignet. Mais cette légèreté, qui fait tout l’intérêt de l’album, est aussi sa limite : on en ressort avec un sourire, mais sans grand souvenir marquant.
En résumé : Vive la marée ! est une BD rafraîchissante et amusante, parfaite pour accompagner un après-midi d’été. Mais à force de vouloir capter l’instant, elle oublie un peu de construire quelque chose de durable. Une lecture plaisante, comme une baignade : on y plonge avec plaisir, mais on en sort sans trop se mouiller.