Parmi les albums dont j'avais totalement oublié la trame scénaristique, Vol 714 pour Sydney était sans doute le plus éloigné de mes souvenirs. Pourtant lorsque j'aperçu Mr Carreidas (quel nom !) en même temps que le capitaine, une phrase m'est revenu tout de suite en tête : je veux mon chapeau ! Puis je me suis souvenu vaguement de ce personnage acariâtre et ignoble avec son personnel. L'air pincé propre aux british me rappela que Mr Spalding allait jouer un rôle important dans ce qui devait pourtant être un voyage de plaisance... Et enfin tout m'est revenu. Le détournement de l'avion, la bataille navale, Rastapopoulos en cowboy gay, Allan et son dentier, le sérum de vérité, tout. Tout sauf le dénouement. Voilà pour la note.
Après Tintin au Tibet et Les bijoux de la Castafiore, j'attendais peu de chose de ce nouvel opus. Sans partir désavantagé, les nouvelles péripéties de Tintin semblaient perdre peu à peu de leur goût (sans doute l'effet du temps). Tintin et Haddock eux-mêmes aspiraient à la tranquillité et le clamaient dès la première page depuis Coke en stock... Alors pourquoi continuer, alors que des sommets avaient déjà étaient gravi ? Sans doute pour répondre à la demande des fans (qui auront quand même dû attendre 5 ans pour voir le dernier né du dessinateur Belge), sans doute aussi pour des raisons financière mais en aucun cas pour faire vivre la légende. Non pas que cette nouvelle aventure entache la série mais elle est désincarnée. Remplacez Tintin et Haddock par Spirou et Fantasio qu'on ne verrait pas la différence.
Hergé se repose sur ses lauriers et décide de n'en faire qu'à sa tête. Il a fait tourner un globe et a posé le doigt sur la prochaine destination de ses aventuriers à la retraite, le reste n'étant que caprices. Hergé veut parler de phénomènes paranormaux ? Ainsi soit-il. Il veut aborder les petits bonshommes verts ? Allelujah. Faire disparaître un des méchants les plus emblématique de la série dans une soucoupe volante ? Parfait. Dessiner un volcan en éruption ? Pas de soucis. Mais les lecteurs que veulent-ils, eux ? Il s'en moque. Je n'ai pas lu un Tintin mais bien une histoire d'action fantastique comme on en voit beaucoup aujourd'hui. Certes, il a peut-être été l'un des premiers mais cela ne suffit pas à nous faire aimer son histoire surtout quand elle dessert à ce point des caractères qu'il a mis si longtemps a peaufiner.
C'est marrant, après cette relecture, de s'apercevoir que ce qui m'avais totalement sortit de la tête était exactement la scène que nos compagnons ont oubliés mais que si, eux, avaient été victime d'amnésie, moi, j'avais été victime d'un ennui mortel...
Plein gaz vers Tintin et le Picaros !