Mark Millar signe avec Wanted un scénario déglingué, particulièrement violent et insolent.
La vie d'un super vilain qui domine le monde dans le noir peut se révéler palpitante, en effet.
Mais l'intérêt de la bande dessinée est ailleurs. Le héros, loser invétéré, stéréotype de l'employé à la vie merdique est devenu libre et puissant, désinhibé, charismatique (en dépit du fait qu'il ressemble un peu trop à Eminem), courageux, etc. Et ce qu'on suit, c'est l'explosion de sa liberté aux yeux du monde.
C'est un avertissement, une leçon. Un certain regard sur le monde d'aujourd'hui, un leitmotiv de l'auteur. Une critique acerbe des modes de vie contemporains, des aberrations de l'humain, de sa propension à agir comme un veau, une larve, à se soumettre de lui-même à un état de souffarnce et de non vie. Mark Millar parle au lecteur, et à ce titre, la fin, une des plus violentes qui soit, illustre parfaitement la claque que l'auteur entend mettre à tout le monde.
Wanted a franchi les barrières de la bienséance. Si l'aventure se perd dans sa confusion, sa violence, elle, continue de péter à chaque planche. Les effusions de sang pleuvent, mais elle se niche surtout dans les dialogues et le propos. Violent. Rare.
Vous l'avez voulu, vous l'avez eu.