Le monde des comics, c'est un lieu plutôt renfermé : il y a les têtes d'affiche, ceux qui rapportent en allant aux toilettes. Parmi ces premiers, on peut bien entendu compter les "X-Men", "Spider-Man" ( pour la parité DC/Marvel ), "Superman" ou encore le seigneur d'entre tous, "Batman". Et puis, il y a les autres. Et là, c'est soit tu te vautres lamentablement la gueule sur le bureau des pleurs, soit t'atteint les sommets vertigineux de la réussite.
Et donc, Wanted fait évidemment partie de la seconde catégorie. En fait, il fait plus précisément partie de la seconde partie de la seconde catégorie. Et je vais vous expliquer pourquoi. Pour trouver comics plus irrévérencieux et original en indépendant, faudra y aller. Je les ai pas tous lu, mais parmi ceux que je connais, je n'en connais pas de ce niveau, justement.
"Wanted" est donc foutrement malade dans sa tête, le genre de schyzophrène paranoïaque sur papier qui te force à t'enfuir en courant parce qu'il va, tout simplement, t'étrangler de rire. Bien sûr, au départ, c'est perturbant : les meéchants règnent sur la terre, et les mecs tuent, volent et violent sans la moindre conséquence. Et ce qui empêche le tout de tomber dans le glauque et le malsain, c'est principalement le ton utilisé par l'excellent auteur de comics qu'est Mark Millar.
Le mec est dans son élément et se fait clairement un kiff : imaginer notre monde si les héros n'étaient plus que dans les comics, et si les bad guys les avaient vaincu. Et le pire, c'est que le scénario pourrait même nous faire douter de notre réalité, tellement le truc est bien écrit, "réaliste" ( manière de parler, j'ai envie de dire ) et soigné. Et puis, y'a la fin. Et là, c'est traumatisant. Dans le bon sens, jvous rassure.
Et puis dès la première page que tu lis, tu comprends que tu le truc que tu tiens entre les mains, c'est pas le genre d'album convenu et stéréotypé que tu passes ton temps à lire pour échapper à la routine d'un boulot qui te fait chier h24. Et voilà que je parle comme Gibson. Mais bon, je le vaux bien.
Et dès la page d'introduction, tu vois que le héros, c'est pas le genre de mec super sympa et compatissant : le mec te fait un doigt, quand même ! Et là, tu comprends le titre de cet article. Et ouais, je réfléchis vachement avant de faire les titres, moi. Comment mieux parler du génial de la rédaction autrement que comme je l'ai fait? Je pourrai également ajouter que les dialogues sont géniaux, et que le scénario tient du génie, mais ne l'ai-je pas déja écrit, en somme? Si.
Pour le reste, c'est également génial, autant les dessins, terriblement détaillés, que les couleurs géniales et l'encrage très efficace. L'humour désactive l'horreur de la chose, et nous permet d'être transporté, le temps d'un peu plus d'une heure, dans un univers que l'on ne connaissait, auparavant, que de nom : l'univers des super-vilains. Libre à vous d'y entrer ou de laisser l'occasion passer. En tout cas, je n'ai qu'une chose à dire pour vous donner mon avis sur la question : "Allez tous vous faire enculer !!!"