La pine au lupin vire au lupanar

On me l’avait un jour – jadis – recommandé comme un des pires titres qui soient dans le paysage manga. Autant dire que je frétillais d’avance à l’idée de déflorer les première page de Wolf Guy. J’ai entamé mon périple, l’ai poursuivi jusqu’à l’achever et, une grimace à la fois déçue et dubitative sur la trogne, j’ai dû m’exprimer ce jour là : « Y’a pire. Y’a bien pire ».


L’une des forces de Wolf Guy ; ou du moins l’une de ses faiblesses comptant parmi les moins rédhibitoires, tient au fait qu’il n’y a quasiment aucun scénario. Difficile de relever la moindre incohérence ou même une malfaçon dans une œuvre dont le script est long d’une ligne en tout. De Wolf Guy, j’en dirai peu de choses car il n’y a guère matière à écrire une recension de douze pages sur ce qui ne saurait être plus basique et sommaire. Oui, je crois pouvoir dire sans rire que Wolf Guy n’a pas assez de contenu pour être bon ou mauvais.


Situons tout de suite le paysage ; c’est un dérivé proche de Sun Ken-Rock. Les dessins sont ici aussi remarquablement léchés sans trop pourtant m’évoquer quoi que ce soit, l’action y est aussi absurde que démesurée, les personnages testostéronés jusqu’à avoir de la moustache sur les biceps, les enjeux bricolés à la hâte pour justifier un antagonisme long de treize tomes et le cul, omniprésent. Mais tout ça, dans des doses moindres que ce qu’avait pu nous offrir Sun Ken-Rock, rendant le manga sinon appréciable, au moins supportable à la lecture.


Les personnages principaux sont des élèves de lycée qui ont au moins l’air d’avoir quarante ans, on en viendra à tirer fréquemment à l’arme automatique dans les rues de Tokyo ; la déconnade y est aussi franche que consacrée. Wolf Guy, c’est un nanar qui sait se tenir. L’histoire du loup-garou – des loups-garous – est là sans trop qu’on sache pourquoi. Ou si ; afin de justifier que le personnage principal soit invincible, sans être pour autant un vampire. Ça n’a été que trop fait.


Je redoutais tout ce qui tenait à la baise dans ce manga. Elle y est gratuite, bien plus présente que de raison, mais autrement moins immature que ce qu’on m’en avait dit. Ça m’aura davantage rappelé cette tendance qu’a Ryoichi Ikegami, dans chaque œuvre qu’il dessins, à dessiner au moins une scène de sexe – jamais trop explicite – pour la seule finalité d’en placer une. Le personnage de Ryuuko, en petite pute qu’elle est, canalisera sur elle toutes les pulsions masculines qu’elle exacerbe. Tout ce qui, dans Wolf Guy, est inhérent au cul tient principalement à son seul personnage.


J’ai lu ici et là de nombreux avis de lecteurs déçus qui, la main sur le cœur – et l’autre dans le calbute – juraient que le manga était initialement si qualitatif qu’ils n’auraient jamais soupçonné que celui-ci devint un jour si mauvais.


Les cons.


C’est du Last Action Hero bête et méchant et ce, du premier au dernier chapitre. Premier chapitre où notre protagoniste principal massacre une bande de dizaines de loubards sans que personne ne paraisse mener la moindre enquête. Rendez-vous à l’évidence, vous qui avez estimé Wolf Guy avant de le croire en disgrâce : ça a toujours été du grand n’importe quoi ; depuis le début. La suite ne s’inscrira que dans la droite lignée du premier élan impulsé ; y’a pas matière à être déçu sur le tard.


Que Wolf Guy soit un manga pour le moins… déficitaire sur le plan créatif et qualitatif, la chose est entendue dès le premier chapitre. Si ce que vous goûtez à partir de là vous ravit les papilles, c’est que vous pourrez vous bâfrer avidement de tout ce qui suivra. Vous ne pouvez pas vous uriner délibérément dans la bouche et reprocher à votre dégustation d’avoir un goût de pisse après en avoir bu pour trois litres. C’est le manque de jugeote de ses lecteurs qui a fait la légende noire de Wolf Guy. Le manga n’a rien pour lui, je le reconnais, mais il ne me donne pas envie de l’enfoncer plus que de rigueur tant il y a bieeeeeeeen pire ailleurs. Et je vous parle d’un « pire » dont le panthéon est cerné d’œuvres révérées par le plus grand nombre. Essayez-vous à mes critiques dont les notes sont inférieures à celle que j’adresse présentement à Wolf Guy ; vous y trouverez matière à être légitiment déçu et en colère.


Que Wolf Guy soit de la merde ? On peut le dire, oui, mais sans franchement avoir à insister avec la moindre emphase d’aucune sorte. Car si c’est une merde, c’en est une bien visible sur le trottoir qu’il est aisé d’éviter. Ceux qui auront mis le pied dedans ne peuvent décemment s’en prendre qu’à eux-mêmes pour avoir manqué de vigilance.

On parle après tout d’un manga où le héros est un loup-garou qui se bat et tue tout le monde et où les génocides que lui et ses adversaires engendrent n’ont pas l’air de concerner la police. À quoi vous attendiez-vous ? C’est rien moins que du Sun Ken-Rock croisé Black Lagoon avec un loup-garou dedans… si vous n’avez pas vu la douille, le problème vient plus vraisemblablement de vous que des auteurs. Eux ont annoncé la couleur dès le départ, on ne pouvait pas leur ôter ça.

Josselin-B
3
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le 26 oct. 2024

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Josselin Bigaut

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