Wolverine : Saudade est une drôle d'expérience; c'est vraiment spécial. Et là, tu dois te dire que ça te plaira pas forcément; en même temps, c'est complètement inhabituel et différent de ce que l'on peut faire sur le personnage, en temps normal. Moi-même, j'ai eu du mal, à quelques moments, trouvant que l'oeuvre manquait singulièrement de crédibilité. Cela, voyez-vous, est notamment dû aux dessins très BD belges de l'artiste qui s'en charge, Philippe Buchet.
Alors ouais, la personnalité est forte et assumée, mais le dessin ne colle pas toujours avec le personnage, et les dialogues, bien que réalistes et crédibles, ne convainquent pas toujours. C'est assez inégal, en somme; oui, ça manque de constance, parfois même de consistance. Bon, ça reste rafraichissant, mais un détail de la sorte ne pourra guère supprimer les légers défauts précédemment évoqués.
Il reste également quelques petits problèmes de proportion à souligner, même si le résultat graphique rend plutôt bien. Il y a, en plus de cela, quelque de très fun dans la violence, et qui fait penser aux coups de crayon que l'on pouvait trouver dans les BD de notre enfance, dans toutes ces BD franco-belges qui ont marqué la bande-annonce. Il y a donc cette sorte de nuance surprenante dans les dessins, comme un anachronisme visuel.
Et c'est justement d'autant plus surprenant que la violence, très fun s'il en est, n'est jamais aseptisé; c'en devient presque sadique, immoral. Ce comic, c'est un peu comme si Titeuf rencontrait Hannibal Lecter, en moins charmant. Ouais, c'est sale, un peu comme quand Wolvie tranche des james et découpe des têtes. C'est clairement pas un enfant de coeur.
Mais voilà que l'oeuvre s'avère trop courte; comme beaucoup d'autres dans son cas, elle aurait largement gagné à s'étirer en longueur, histoire développer des thèmes intéressants et de rendre plus profond un scénario qui se conclue beaucoup trop vite. Certes, il s'y trouve une réelle volonté de faire quelque chose de différent, de moralement surprenant ( en témoigne la fin, inattendue ), mais nul doute que s'il n'avait pas été si court, la note s'en serait trouvée largement supérieure. Occasion ratée.