"Un jour, lorsque tes pouvoirs seront à leur apogée, tu voleras à nouveau..."

Nous sommes en 2010, alors que l'univers DC classique vit ses dernières heures, l'Amazone prend les devants et connaît en première une mise à jour. Cette histoire initiée par Strackzynski, cette odyssée en 14 chapitres, n'aura guère de conséquence. En effet, à l'issue de flashpoint, Brian Azzarello partira sur de nouvelles bases, recommençant de zéro.

Pour autant, bien vains seraient les comics s'ils ne servaient qu'à la continuité, bien vain seraient les lectures quand on sait qu'inévitablement ce petit monde finit par tourner en rond. Il faut lire ce diptyque pour ce qu'il est, une oeuvre épique et maîtrisée, une plongée dans la modernité pour une héroïne qui trouve ses racines dans le monde antique.

Je ne connais que peu d'histoires de l'Amazone à l'heure actuel mais que ce soit durant les New 52 ou actuellement sur le DC Rebirth, je trouve que Diana sonne résolument moderne malgré les apparences. Cette épopée par JMS le confirme.

Le postulat est simple. Ce n'est pas un reboot ni une aventure classique mais un mélange des deux: l'histoire de la grande princesse guerrière a été modifié, des événements ont réécrit son destin, son passé comme son futur. Dans cette nouvelle vision, les Amazone ont été attaqué à Themyscira. Leur reine défait, a choisi de mourir par le feu plutôt que livrer ses secrets. Ce peuple élu des dieux a perdu la protection des puissants et doit désormais courir de par le monde. Elles forment une diaspora, perpétuellement traquées par les troupes humaines à la solde de leur mystérieux agresseur. Meurtries, affaiblies, acculées, les Amazone n'ont qu'un espoir: la princesse qui grandit dans leurs rangs, l'arme qu'elles affûtent par leurs leçons, l'arme que les dieux leur ont promis. Diana devra se révéler à ses sœurs, à elle même, elle devra se lever et se battre, elle connaîtra la souffrance, la mort l'accompagnera au cours de sa longue odyssée, l'espoir sera voilé par les nuages, mais son destin l'attend au bout du chemin. Non pas une prophétie la déclarant victorieuse, non pas une légende la proclamant élue, seulement le destin qui lui a été volé et pour lequel elle ira jusqu'au bout quel qu'en soit le coût.

Dans ce long périple, les scénaristes nous offrent une vision totalement modernisée de l'Amazone. Confrontée très tôt aux armes modernes et à leurs ravages, elle a grandi dans le monde des hommes. Elle a partagé la peine de ses sœurs, la douleur de l'exil permanent, et la responsabilité qui pesait sur ses épaules. Sautant de gratte-ciel en buildings, parcourant villes et pays accrochée aux avions, payant oracles en chewing-gum, le mythe de Wonder Woman oublie la fameuse découverte du monde moderne à adolescence et la fascination pour le premier homme qu'elle aurait croisé. En échange, c'est une guerre permanente pour la survie des siens qui est menée avec en particulier ces chapitres épiques et excellent en Turquie, qui du siège du temple à l'affrontement contre le meurtrier de sa mère en passant par un tour en enfer, montrent l'ascension progressif d'une princesse prête à tout pour que justice soit rendue.

Je veux que vous partiez toutes, que vous viviez toutes pour que je puisse cracher au visage des dieux et leur dire qu'ils ont tort

Le deuxième tome conclura moins brillamment cette odyssée, apportant néanmoins les explications attendues. Il n'empêche que ces 7 premiers épisodes mettent particulièrement bien en valeur une héroïne saisissante, d'autant que le dessin est magique du début à la fin.